Amertume d'un Samedi matin très tôt [CDGueule]

Mhhh … ça faisait longtemps que l’Amertume n’était pas revenue me rendre visite. Chère compagne qui me va si mal et à la fois si bien. Qui me fusille par derrière et me sert de porte-parole face aux hypocrites que sont les gens. Mais bon … Là, elle n’est ni là pour me représenter, ni pour me cacher derrière un pseudo-humour. Ce soir –ou ce matin – ça dépend comment vous voyez les choses -, cette sadique est là pour me faire souffrir. J’irai pas jusqu’à dire que ça me manquait (Peut-être suis-je maso ?) mais c’est vrai qu’elle confère ce regard décalé que tu as sur le monde … qui te le montre terriblement plus affreux mais à la fois si délicieux, comme posé là, prêt à se faire dévorer. Mhhh.

La première victime de mes dents acérées sera évidemment la politesse. Mais pas n’importe quelle politesse. Celle qui te fait demander si ça va à quelqu’un qui pourrait crever écrasé par tracteur devant toi sans que tu n’en aies rien à foutre. Mais une chose est sure : Si tu ne viens pas demander de leurs nouvelles assez fréquemment à leurs yeux d'égocentriques, tu passeras pour quelqu’un de misanthrope, d’égoïste, qui n’a rien à carrer de ces êtres qui batifolent autour de lui. Mais en même temps, quoi de plus vrai ? Qu’avons-nous à faire de … ces vulgaires mannequins bercés par une morale, une mode qui ferait que l’on doive faire semblant d’être attentionné pour son prochain alors que le nombrilisme est on-ne-peut-plus présent ?! Vous savez avec quelle fascination nous regardons les informations le soir en déplorant le nombre de morts en Irak, Iran, Palestine, Indonésie ou autres pays entre quelques compliments sur le gigot et les récits passionnants des journées des pauvres égocentriques affamés … Cette fascination est très facile à comprendre : tristesse de voir le monde devenir comme ça mais joie d’en être épargné, éloigné. Pauvres narcissiques que nous sommes. Et c’est ce narcissisme ambiant qui fait que nous devenons « polis ». Oui, entre deux « merdes » et quatre « putain d’bordel » … Mais ça, ce n’est pas de l’impolitesse, c’est le langage qui évolue : Nuance. Oui, « polis ». Que quand nous rencontrons quelqu’un qu’un de nos amis nous présente, on demande si ça va. Mais en réalité, on attend un « oui » enthousiaste qui nous éviterait de chercher à comprendre le mal-être d’une personne dont nous ne savons rien et dont, bien souvent, nous ne souhaitons rien savoir. Cette politesse me fait hurler de rire. C’est bien la raison du pourquoi je réponds toujours un « ouais » peu convaincu ou carrément un « non » net et précis.

La deuxième victime n’a aucun rapport, certes, mais est pour moi nettement plus important à écrire et à développer. Enfin ... Dire qu’elle n’a aucun rapport serait mentir en réalité car elle est la preuve même de notre égocentrisme, de notre narcissisme. Ou en tous cas, des rares traces qu’il en reste chez les êtres les plus amochés, les plus tristes, les plus blessés …
Les relations.
Essences même de notre amour-propre, elles sont là pour nous persuader que nous ne sommes pas si seuls, qu’il y a forcément sur cette Terre quelqu'un pour nous aimer et nous mettre en valeur. Ou en tous cas, au début, c’est comme ça. Puis tout ça vire à l’obsession. « Il/Elle m’a oublié, ça y est. Je ne suis plus rien » Calme-toi, petit poussin, tu retrouveras ta maman. Cesse de pleurer. C’est tellement facile à dire à quelqu’un d’autre, si facile de se le hurler intérieurement mais qu’en était-ce lorsqu’il faut l’appliquer ? Cesser de pleurer, de geindre, de hurler à la lune ? Mhh, que c’est difficile ! Je suis un être obsessionnel. Ce que vous lisez ici est mon hurlement à la lune, mes gémissements dans le noir, mes pleurs sans fin dans les nuits trop chaudes d’été, trop froides d’hiver … Que je suis ridicule ! Mais passons. Car je me doute que je ne suis pas seule. Du moins, je l’espère. Parce que sinon, ça veut dire que je suis vraiment une malade mentale.
Nous, les humains, avons été créés par Mère Nature pour nous adapter. Plus ou moins bien. Mais notre race a traversé les années, les siècles, les âges. La solitude n’est qu’une épreuve d’adaptation de plus pour un humain normal. Et comme à chaque tentative d’acclimatation, on ne souhaite qu’une chose : le retour à nos valeurs sures. Quoi de plus logique ? Nous fuyons la douleur ? Nous adapter ne nous fait-il pas faire des sacrifices douloureux ?
Donc, pour revenir à mon problème (oui, parce que je suis humaine et donc égocentrique –logique implacable-), j’étais il y a quelques mois dans ce processus d’accoutumance pour m’habituer à l’affreuse souffrance de la solitude pour nous, êtres sociables et égocentriques – donc obligatoirement sociables-. J’avais fini par m’y faire. Fini par me faire à l’idée que cet ami était parti, que l’autre n’avait pas que moi dans sa vie, que les autres s’accaparent mes amis et que ceux-ci se laissent faire volontiers pour on-ne-sait quelle raison vexante à mes yeux. Finie par être habituée à ce silence de mort qui règne dans une pièce avec les volets toujours clos. A cette absence de contact avec le monde jugé extérieur … Tout en suppliant le plus discrètement possible aux passants de devant le couloir obscur et noir de mon existence perdue de venir me sortir de là. Certains l’ont entendu. Plus ou moins bien. Les rares et uniques qui l’ont bien compris ont eux aussi une vie … et ils n’ont pas que moi. Ils doivent partir quelques fois alors que j’ai l’étrange impression que je n’ai qu’eux …. Alors une amertume prend place dans mon cœur. Pourquoi m’avoir sauvée de cet enfer émotionnel pour m’y replonger plus tard et plus profond ? La question reste sans réponse.


Comment ça "j'ai bloqué sur "égocentrique"" ?

Très longue réflexion...Très philosophique, en passant, mais je crois qu'c'est normal...
Hm, bravo, toujours. C'est si...atroce(dans le "bon" sens du terme s'il y en a) et vrai.
Misanthropie...pawa.

Merci. j'adore les choses atroces. xD