Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. [Maguerite Duras] |
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| Douloureux souvenir [Nouvelle] | |
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Yaya Admin enragée et plutôt cinglée Ô_ô
Nombre de messages : 1263 Age : 31 Localisation : Perdue entre mes multiples personnalités .... O_o Date d'inscription : 11/03/2007
| Sujet: Douloureux souvenir [Nouvelle] Lun 21 Mai - 22:55 | |
| - Et toi ? Tu ne m’as pas raconté cette fameuse histoire que tu évites depuis des années ! remarque Natalie. Natalie, c’est mon journal intime vivant. Elle connaît toutes mes histoires, de cul ou de cœur depuis mon entrée à la faculté de psychologie et psychiatrie, où on s’est rencontrés. A vrai dire, c’est la seule fille que je connaisse avec qui je n’ai pas réussi à coucher et depuis ce jour, nous sommes inséparables et très complices. Je connais son passé de A à Z et elle peut lire dans mes pensées à travers le téléphone. Mais je reste très mystérieux sur mes années du lycée. Et depuis une semaine environ, elle me supplie à genoux de me raconter ce qui me fait connaître aussi bien quelques parties très particulières de la psychiatrie. - Ok, je me lance, abdiquai-je dans un soupir.
Quand on est au lycée, il y a toujours un monde qui sépare certaines personnes. La popularité, entre autres. Moi, je n’étais ni trop populaire, ni dans les bas-fonds de la classe. J’étais un passe-partout. Une de ces personnes qui pouvaient être de n’importe quel côté sans choquer. Mais au fur et à mesure, que ce soit pour la drague ou pour les amis, j’avais fini par oublier tous les gens qu’on ignorait pour des raisons x ou y. Mais un jour, la réalité me rattrapa. Tous ces gens existaient réellement et mon côté sociable et très intéressé par l’espèce humaine me fit m’engager dans une histoire … bien dangereuse. Je venais d’être victime d’une rupture plutôt sauvage avec la fille qui était ma copine depuis au moins six mois et, plutôt désespéré, j’avais décidé de liquider le peu d’argent que j’avais sur moi en alcool afin de me saouler la gueule jusqu’à arrêt total du fonctionnement du cerveau. J’optai sur un petit bar où je me rendais souvent avec des potes …. J’en étais à mon cinquième verre. Verres variant entre la téquila, la vodka, du vin, de la bière … Je commandais mon sixième – je tenais plutôt bien l’alcool malheureusement – avec moins de lucidité que la précédent mais toujours … apte à tenir une conversation lorsqu’une fille qui devais certainement avoir mon âge, entra dans le bar en chantant de son air embué, une bouteille de vodka à moitié vide à la main. - Sors de là, toi ! hurla le gérant. Je ne te servirais plus ! La jeune femme l’ignora cordialement, s’approcha de moi et me salua en me serrant la main. J’eus un mouvement du recul quand je m’aperçus que celle-ci était pleine de sang. Frais en plus. Surpris, j’examinai l’inconnue. Plutôt grande, brune, des cheveux frisés en bataille, le visage très sale, des yeux marrons bouffis par l’alcool ou les larmes … Ou les deux. Quand elle me vit la détailler, elle éclata d’un rire plutôt effrayant avant de perdre l’équilibre, de tomber par terre et de s’endormir en ronflant bruyamment. Je soupirai, exaspéré. - T’inquiète, Serge. Je la ramène chez moi, dis-je au patron du bar. Il ne chercha pas à connaître mes motivations. Tout ce qu’il voulait à mon avis, c’était la paix et ne plus voir cette fille … Je la tirai avec peine vers ma voiture acquise récemment, puis montai les escaliers menant à mon deuxième étage avant de la lâcher sur le canapé. Je soupirai, cette fois-ci de soulagement. Mes parents n’étaient pas là pendant au moins une semaine. Soi-disant une nouvelle semaine de noce après leurs vingt ans de mariage durant laquelle il me laisserait seul. La fille venait de se rendormir profondément et je m’assis à côté d’elle, exténué. Mais elle ne m’était pas inconnue. Je cherchais d’où je la connaissais mais aucune réponse ne me venait à l’esprit. Puis en l’examinant de plus près, je me retrouvai face à un terrible problème. Aline Matthieu. Une fille de ma classe. Enfin, pas une fille à proprement parler. Plutôt un de ses noms prononcés lors de l’appel que certains professeurs s’évertuent encore à faire. Oui, je me souvenais d’elle. On la disait folle. Elle errait dans les couloirs du lycée, des livres plein les bras, souvent des romans qu’elle dévorait dans un coin de la cour ou au fond de la classe en répondant aux questions qui étaient posées avec une exactitude exaspérante. Souvent, on l’entendait parler seule. Mais ça finissait par nous paraître normal. Ces murmures du fond de la classe, on savait à qui ils appartenaient … Elle ouvrit les yeux, s’essuya le visage puis fixa ses mains pleines de sang avec inquiétude. Je lui proposai de prendre une douche, lui indiquant où se trouvait la salle de bain. Sans me répondre, elle se leva et, tel un fantôme, elle disparut. Je poussai un soupir en m’enfonçant dans le canapé. Plus j’y pensais, plus cette fille me paraissait folle. Elle avait un air hautain avec ceux qui osaient lui adresser la parole et lançait un regard noir à tous ceux qui la fixaient un peu trop intensément pour elle. En réalité, hormis pendant les cours, je ne l’ai jamais entendu aligner plus de quatre mots. Quand la porte s’ouvrit, je sursautai. Quelques secondes, elle était de nouveau assise à côté de moi, avec les mêmes vêtements, en fixant le vide qui se trouvait en face d’elle avec un air perdu. - Pourquoi tu as bu ? lui demandai-je … - Parce que … Ça ne regarde pas les gens comme toi. Vous n’avez pas de problèmes, vous. Les filles défilent dans votre lit … Je restai bête quand elle se leva et sortit de chez moi en claquant la porte d’entrée.
Natalie vient d’allumer une cigarette dont elle tire une large bouffée en me regardant avec un brin de sarcasme. - Pourquoi j’ai le sentiment que ton histoire va être longue ? me demande-t-elle. - T’as encore rien vu … Ça, ce n’est qu’une partie infime … Elle croise les jambes, soupire puis me sourit comme pour me donner le courage de continuer, en espérant que ça marche. Et évidemment que ça marche.
Le lendemain, au lycée, Aline n’était pas là. On était deux à l’avoir remarqué : le professeur de mathématiques et moi. A chacune de ces questions, la seule réponse était un silence pesant. A la fin de la journée, mon meilleur ami me fit remarquer que je n’avais pas dit plus de dix mots dans la journée. Et c’était bien vrai. Puis emporté par un sentiment bien inconnu, je demandai l’adresse d’Aline à la secrétaire qui me la donna sans chercher à comprendre pourquoi. Quand je sonnai à l’endroit indiqué par le misérable morceau de papier, un homme vint m’ouvrir. La cinquantaine, un peu corpulent, avec une trace de douleur sur le visage. Il m’interrogea su regard, pour savoir ce que je lui voulais. - Votre fille est là ? demandai-je en bafouillant. - Ma fille ?! s’étonna-t-il. Tu lui veux quoi, jeune homme ? - Vous savez, commençai-je difficilement, je crois que … - Entre, mon garçon. Je m’assis sur un fauteuil qu’il m’indiqua avant de s’affaler sur celui d’en face en soupirant. - Aline n’est pas … bien. Elle est sortie hier soir et je ne l’ai pas revue depuis. Je sais, anticipa-t-il quand il vit ma bouche s’ouvrir d’indignation, je devrais m’inquiéter mais ça sert à rien. Je sais très bien qu’elle reviendra. Un jour ou l’autre. Elle a du aller voir sa mère. Sa mère défunte évidemment. Elle va souvent au cimetière, sur sa tombe. Je l’ai retrouvé plusieurs fois là-bas en train de pleurer. Aline s’en veut. Elle a de quoi mais je ne veux pas qu’elle passe sa vie à pleurer. Surtout pas. Elle qui passait ses journées à sourire … - Quoi ?! m’écriai-je, surpris. Sou … rire ? - Tu sais, jeune homme, il ne se serait pas passé ce qu’il s’est passé, Aline ferait partie de ses filles qui ont tous les mecs à leurs pieds. Elle rayonnait de bonheur ; elle était belle. Des yeux donnant sur le vert au soleil, un corps aux formes avantageuses. L’accident ne se voyait même pas. Oui, expliqua-t-il comme s’il ne voulait pas être coupé, Aline s’est fait tombé une casserole d’eau bouillante sur elle quand elle avait un an et demi. Par une seule parcelle de son corps n’avait été épargnée mais on avait réussi à la sauver. Et deux ans après, il ne restait rien de cet horrible accident. Ni physiquement et encore moins dans sa mémoire. Dès qu’elle a su parler, elle riait, chanter. Tout le temps. Et ce fut comme ça pendant une dizaine d’année. Elle était en troisième lorsqu’elle … changea du tout au tout. Elle avait besoin d’un livre pour le français que mon épouse avait et qu’elle lui prêta. Quand ma fille l’ouvrit, elle découvrit une photo d’elle, la peau entièrement ébouillantée. Puis les souvenirs lui remontèrent subitement et elle se mit à hurler de douleur, en pleurant toutes les larmes de son corps. C’était vraiment pas de la tristesse. De la douleur. Ces pleurs que les nouveaux nés ont quand ils souffrent. On a mis dix heures à la calmer. Puis elle apprit que c’était son oncle –le frère de ma femme- qui avait prise cette photographie. Cet homme était pour lui le plus détestable de la Terre. Il avait refusé notre union et nous avait fait passer de sales heures. Mais quand elle sut qu’il l’avait prise en photo sous tous les angles pour nous les envoyer régulièrement après sa guérison, elle se tut et resta silencieuse pendant quatre jours. Puis elle disparut et on ne la vit plus pendant un jour entier. Elle revint tard dans la nuit, un couteau à la main. Ma femme se mit à pleurer. Evidemment qu’elle avait tué son oncle. Mais Aline s’endormit quelques minutes après son retour et le matin, lorsqu’on l’interrogea, elle ne se souvenait de rien. Elle ne feignait pas l’amnésie pour se couvrir. C’était très sincère mais quand on découvrit le cadavre de son oncle, elle éclata de rire. C’était plutôt effrayant. Mais quand on l’interrogeait, elle oubliait. Quelques fois, elle se rappelait de quelques détails mais pas plus. Résultat de cette histoire : elle était devenue schizophrène. Pseudopsychopatique d’après la psychiatre.
Donc, j'avais pas le courage de continuer mais qu'en pensez-vous ? Je continue ou pas ? | |
| | | Mikrobuch J'écris ... Pénard(e) ...
Nombre de messages : 420 Age : 31 Localisation : Maman m'a dit d'pas l'dire, pédophiles de l'opus dei obligent... Date d'inscription : 17/03/2007
| Sujet: Re: Douloureux souvenir [Nouvelle] Lun 21 Mai - 22:56 | |
| Bah bien sur qu'tu continues! | |
| | | Yaya Admin enragée et plutôt cinglée Ô_ô
Nombre de messages : 1263 Age : 31 Localisation : Perdue entre mes multiples personnalités .... O_o Date d'inscription : 11/03/2007
| Sujet: Re: Douloureux souvenir [Nouvelle] Lun 21 Mai - 22:57 | |
| T'as lu ? :choc:
Parce que woooooow :choc: | |
| | | Mikrobuch J'écris ... Pénard(e) ...
Nombre de messages : 420 Age : 31 Localisation : Maman m'a dit d'pas l'dire, pédophiles de l'opus dei obligent... Date d'inscription : 17/03/2007
| Sujet: Re: Douloureux souvenir [Nouvelle] Lun 21 Mai - 23:04 | |
| pas la fin. J'suis rapide mais quand même :B): mais ça y est là j'ai tout lu. :chouette: | |
| | | Yaya Admin enragée et plutôt cinglée Ô_ô
Nombre de messages : 1263 Age : 31 Localisation : Perdue entre mes multiples personnalités .... O_o Date d'inscription : 11/03/2007
| Sujet: Re: Douloureux souvenir [Nouvelle] Lun 21 Mai - 23:30 | |
| Natalie écrase sa cigarette dans le cendrier et ne détachant pas son regard du mien, elle pose son coude sur la table et se tenant la tête dans les mains. Je la fixe un instant. - Et tu attends quoi ? me fait-elle remarquer. - Rien. Rien. Je n’ai pas très envie de continuer. Cet épisode m’a beaucoup marqué et ce n’est pas ce qu’on peut appeler un souvenir très heureux.
- Regardez là haut ! Regardez ! Les voix s’élevaient autour de moi sans vraiment que je ne les entende. Puis soudain, je réalisai et levai la tête. On voyait une silhouette sur le toit de l’immeuble. Mon estomac ne fait qu’un tour et je montai les escaliers menant au toit. J’arrivai violemment en haut du bâtiment et y découvrit une Aline entourée de bouteilles de vodka et de boîtes de médicaments plus ou moins vides. - Qu’est-ce que tu fais là toi ?! me hurla-t-elle sur un ton agressif. - Je … Saute pas … Elle me jeta une bouteille vide que j’évitai au dernier moment avec un air étonné. - C’est quoi ton problème ? Explique-toi. - Ne m’approche pas ! cria-t-elle à nouveau. C’est toi qui as un problème ma parole. Elle s’éloigna du bord et s’approcha de moi d’un pas chancelant et inquiétant. Elle posa ses mains sur mes épaules pour se maintenir debout et m’offrit sa douce haleine alcoolisée comme oxygène. - Je crois, reprit-elle en murmurant, que le plus dérangé de nous deux, c’est bien toi. Moi, on le sait. Je suis réputée pour ça. Intello totalement barrée. Mais toi ?! Tu as du succès, non ? Tu n’as pas une sale réputation. T’ennuies-tu autant que tu décides de la bafouer en trainant avec moi ? Mon regard se fondit dans le sien. On la disait tarée. L’était-elle complètement. Après tout, ce discours était rationnel. Trop même. C’est limite insensé de dire ça comme ça. Comment peut-on s’affirmer tarée et critiquer ceux qui veulent nous côtoyer ? - Peut-être que je m’ennuie, répondis-je évasivement. Elle soupira. Et recula. Elle ramassa les bouteilles sans plus rien dire, fourra les médicaments non entamés dans sa poche et emprunta les escaliers pour jeter les restes de bouteilles à la poubelle.
- Tu crois que tu l’as sauvée ce jour-là ? me demanda Natalie, intriguée. Je veux dire … tu t’es montré calme et serein. Elle t’a agressé et tu as tout pris sur toi. Sans répondre quelque chose qui pourrait la blesser. Elle ne t’aurait pas cru si tu lui disais que tu avais besoin d’elle … Elle s’arrête de parler. Je la regarde à nouveau. Elle a l’air passionné. C’est vrai que ce n’est pas tous les jours que l’on croise des gens qui ont côtoyé des schizophrènes mais …
On voyait l’obscurité assombrir la ville de la fenêtre de la maison de mes parents. Aline était assise à côté de moi, calme. Mais une question me démangeait. - Pourquoi tu as voulu te suicider ? J’avais posé ça subitement, sans mettre de fromes, sans adoucir le tout. - A vrai dire, j’ai plusieurs raisons. Mais la dernière reste la plus importante : j’ai tué mon petit ami. Elle avait dit ça avec une froideur hors du commun. Pourtant, si elle avait voulu se suicider, c’était que ça l’affectait. Elle devina mes pensées. - Tu sais ? J’ai besoin de traitements très précis pour éviter de péter les câbles et pour quelqu’un de « normal », c’est une lourde tâche. Mais j’avais trouvé quelqu’un comme moi. Qui devait prendre autant de médicaments. J’ai du mal à me souvenir quel type de maladie avait-il mais … c’était tout aussi dur. Mais lui avait arrêté depuis quelques temps et ça le rendait hargneux. Le voyant comme ça, j’ai lâché moi aussi. Je continuais pour lui et … il n’a pas honoré notre promesse. J’ai arrêté aussi. Et le soir où tu m’as vu dans le bar … Ben, c’était ce soir-là. Il m’a frappé, a tenté de m’étrangler. Mais … on a autant de force l’un que l’autre dans ces cas-là. C’était moi ou lui de toute façon. Cette dernière phrase avait été dite avec rudesse. Peut-être pour mettre fin à toute conversation. Mais je restai sur ce fauteuil avec elle. Je pris même sa main dans la mienne. - Tu as pu tuer qui tu veux, je m’en contrefous, dis-je soudainement. Aline me jeta un regard étonné. Ça devait être rare d’entendre ça. Je n’en doutais pas mais … c’était vrai. Ça faisait une petite semaine que nous nous parlions et … quand je l’entends parler d’avant son « changement », on s’aperçoit qu’elle était véritablement gaie. Et même à ce moment-là, elle pouvait rire, comme quand elle était petite. C’était une passionnée mais … Ce triste sentiment vire vite à la folie …
Exprès pour toi Mikro, comme je vais me coucher ^^ | |
| | | Mikrobuch J'écris ... Pénard(e) ...
Nombre de messages : 420 Age : 31 Localisation : Maman m'a dit d'pas l'dire, pédophiles de l'opus dei obligent... Date d'inscription : 17/03/2007
| Sujet: Re: Douloureux souvenir [Nouvelle] Mar 22 Mai - 0:07 | |
| Marchiiiiiiiii, c'trop bien (j'susi vip) | |
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| Sujet: Re: Douloureux souvenir [Nouvelle] | |
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