Bon c'est d'l'impro totale, ça va être un peu nawak.
J'ai créé une nouvelle moi pour regarder le monde. Nouvelle moi est presque parfaite. Sa vie est un sentier tout droit, toujours tout droit, sans aucune bifurcation compliquée, sans colline, sans montagne, sans rivière à traverser, sans averse, sans tempête. J'ai décidé d'éjecter la vieille moi sur quelqu'un d'autre. Moi c'est une autre, celle qui a récupéré ma vie pleine de reliefs, de creux, de bosses, de chemins qui partent dans tous les sens sans une seule carte ni boussole, pleins d'obstacles infranchissables. J'ai rasé les montagnes de ma vie.
La nouvelle moi ne se pose pas de questions. Pas la peine. Nouvelle moi est heureuse quoi qu'il arrive, puisqu'aucun problème ne la touche. Les soucis, c'est pour l'ancienne moi. Mais à vouloir être trop parfaite, nouvelle moi à fini par devenir une menteuse. Parce qu'elle ne voulait pas voir ses problèmes, parce qu'elle les a extériorisés, à force de se mentir à elle même, nouvelle moi ment aux autres. Personne ne la connaît.
La nouvelle moi voulait être toujours là pour les autres. Mais à force de ne plus rien ressentir pour consoler les autres, moi est devenue insensible. Pour être sourde à ses problèmes, elle s'est bouchée le coeur et n'entend plus ceux des autres. Nouvelle moi est devenue un robot. Elle ne sait plus que répondre "oui ça va", "je voudrais pouvoir t'aider", "j'aime pas quand les autres sont tristes", "je t'aime", "je tiens à toi".
La nouvelle moi est devenue égoïste à force de fermer les yeux, elle est devenue aveugle. A vouloir être trop parfaite, elle est devenue la pire qui soit. Parce que les soucis, ce sont les soucis, les casseroles à traîner, c'est lourd, c'est long, mais c'est grâce à son tas de malheurs qu'on est sensible et heureux.
Nouvelle moi est une ratée, et j'ai perdu l'ancienne. Je l'ai oublié derrière mon masque, elle croule sous les montagnes énormes, irrécupérable. Et en allant creuser pour la ramener, nouvelle moi blessera les autres, encore une fois.