C'est une roseraie; les pourpres s'entremèlent,
Les fragrances, les teintes, et aussi les parfums,
Du blanc perlé jusqu'au rouge de sang carmin,
Les épines bordées de rosée éternelle,
Les feuilles dentelées de l'eau des larmes fraiches,
Lamentations d'un ciel que le jour nous renvoit,
Et les méandres gris d'une tige de soie
Se mélangent aux lueurs des gouttelettes épaisses,
Cà et là des claymores, et autant de tuteurs,
Ici, entre deux fleurs, trois lances abandonnées,
Enlacé par la vie se dresse un bouclier,
Voyez-vous les épines enfoncées dans l'horreur?
Le premier rayon tombe, et illumine un temps
La courbe d'un rosier aux pétales violets,
Et celle d'une épée à la garde arrachée,
Et après le matin, viennent les bruissements,
D'une foule d'insectes envahissant les feuilles,
Couvrant d'un manteau noir les corolles dorées,
Effaçant les aciers des armes délaissées,
La roseraie se meurt, sous un manteau de deuil!
Et, au midi, ils ne laissent qu'un champ de bataille, refleuri au matin.