Hiiiiiiiiighwaaaay to hell![fini]

Retourner à Enthyl. Dans les Limbes. En Enfer. Là-bas. Voilà ce à quoi il avait échappé à un cheveu. Ou fuir par la rivière maudite des âmes, plonger et se perdre, et devenir Vouivre comme l'était devenue Wywan. Mourir! Il ne s'en rendait compte qu'à présent. Il était techniquement mort, il y avait de cela... Peut-être une demi-heure? Il avait senti quelque chose de familier le happer. Quelque chose qui ressemblait au souffle glacialement ardent de la servitude éternelle.
*Anathël claudiquait d'un air peu convaincu dans les ruelles. Comme pour elles, les gens s'écartaient sur son passage, mais c'était plus du dégoût qu'autre chose. Même son sang, son propre sang qui gouttait encore régulièrement et infiniment de ses blessures, était plus imposant que l'air à la fois misérable et amer qui s'affichait sur ses traits meurtris.*
"Contre blessures incurables et maladies qu'on semblerait venir de la main des dieux, un seul..."
"Pas interessé."
*Fit-il au camelot. C'était le premier depuis son entrée à Liaven à l'aborder. Les autres le regardaient d'un air méprisant. Pas assez d'argent pour se payer mes services. Un mendiant, une loque, voilà ce à quoi il ressemblait, serré dans la cape de Zalya et déchiqueté de partout.*
"Lumindre vous bénisse de sa clarté bienveillante. Vous ne semblez pas bien...Nous avons un refuge au Temple..."
*C'était un prêtre, un tout jeune en toge blanche, qui avait sur le front une étoile de tatouée, perdue au milieu des taches de rousseur.*
"Non. Mais merci."
*Un semi-démon, en temps normaux, était nauséeux à la moindre approche d'un lieu de culte. Rien à voir avec la peur d'un quelconque courroux, c'était juste une histoire d'opposition entre la piété dégoulinante qui imprégnait les lieux et l'origine extra-matérielle des démons. Anathël ne savait pas trop, mais entrer dans une église dans son état l'achèverai. Si ni les moines ni les camelots ne pouvaient l'aider, il chercha du regard une quelconque aide parmi les passants de la rue tortueuse qu'il foulait de son seul pied valide, à cloche-pied.*

J'ai...Des blessures à guérir.
*Il souleva mollement sa main blessée.*
Au cas-ou ça ne se voit pas.
*Fit-il avec cynisme. Puis il soupira. Il en avait presque assez de toujours réagir de la même manière.*
Pardon. Tu es où? Zalya?
*Machinalement, il jeta un regard autour de lui. Les gens continuaient de s'écarter. Moues désolées ou dégoûtées. Grimaces. Pas de Zalya. Il se massa le front et poussa un long souffle, moitié gémissement moitié grognement.*

Oui...
*C'était idiot à dire. Mais vrai. Elle lui manquait. La "voix" d'Anathël restait vaguement ironique, avec cette pointe de froid et d'indifférence qui la caractérisait, mais une Zalya experte aurait pu y déceler un manque étrange de certitude. Comme si le joli masque poli de cynisme se fissurait sur les bords, abîmé par trop d'usage.*
Tu me manque. Mais ma main et mon genou aussi. Ils me manquent.

Non.
*La réponse était nette. Il ne voulait pas de ça, une partie de ping-pong blessures. Et pourtant...C'était tentant. Tout décharger sur elle. Ses blessures. Et ses sentiments, par la même occasion. Et repartir le coeur tranquille. Mais non. Anathël n'était pas un salaud fini, c'était la seule conviction à laquelle il se raccrochait. Un peu salaud, mais pas trop. Pas assez.*
Alors tu deviens vraiment une...Dryade?
@Je vais finir par me retrouver avec une *ahem* peti...une amie mutante. J'avais déjà la demi-soeur rafistolée mécaniquement et transformée en vouivre, et la nièce à croissance accèlerée. Pokdémones, adorez-les toutes...Tu parles.@
*Aller chez les démons se faire rafistoler? Non. Parce que si c'était pour y rester...
Wywan, ça avait été différent. Elle était libre de naissance, élevée sur le plan matériel parce qu'abandonnée par sa mère. Elle n'avait eu "qu"'à payer ses...Réparations. Cher. Anathël ne comprenait pas.
...Mais lui, s'il revenait, il redeviendrait esclave. Eternel. Oh, bien sûr qu'on le soignerai. Un esclave en mauvais état, c'était particulièrement inutile.*

J'aimerais autant que tu arrêtes, alors. Mes pensées, c'est à moi. Point barre. Et non, je n'ai pas l'intention de transfèrer mes *égratignures* sur toi. Et je ne voix pas où est le problème en ce qui concerne la nature de dryade de ma...Ta nature de dryade, du moment que tu ne commence pas à me parler de tes complexes de chlorophylle.
*Il marqua une pause.*
Ca peut être très joli, une dryade mutante. Ca te fera peut-être passer l'envie de m'étriper, qui sait. Les plantes sont connues pour ça. Elles restent sagement plantées là. Ouais. Sans étriper personne.

Ne sous-estime pas le pouvoir des fleurs.
*Fit-il avec un ton mental qui ressemblait davantage au bruit que produirait une bille de plomb tombant dans un seau de zinc (comparaison (c) Terry Pratchett) qu'à une voix tendre et exaltée.*
Si par "aide" tu entends "envie de me coller toutes tes blessures", va te faire foutre, mon amour.
*Par là, il signalait, avec aggressivité, son refus de la blesser. Plutôt paradoxal. *
Je trouverai bien un mage. Ou un démon. Quelqu'un qui saura m'aider sans passer pour un masochiste...

(Bon, je suis désolée, je pars sur le champ me faire chier, je reviens le 31 ><)

Parce que j'ai une morale, je ne me considère pas comme un démon. Je trouverai une solution. Tout seul. Je ne sais peut-être pas vous protèger assez, mais je peux au moins me charger de mon propre cas. Ma liberté est bien peu importante face à ça. Je suis lâche, faible et incapable de me battre. Laisse-moi au moins avoir des idéaux.
*"parler" sérieusement n'était pas dans ses habitudes, même s'il avait le même ton froid et douloureux que d'habitude.*

Peut-être bien, oui. Peut-être bien.
*Son ton n'était pas héroïque. Il ne l'avait jamais été. Cynique, amer, désabusé, oui. Mais résigné, fier, non. Un lancement dans son genou broyé le fit tomber à genoux. Il lança, mentalement et physiquement, un grognement-hurlement qui ressemblait à "Kraaaaaaaaaaaaaaaaaaaaarrrrrrrgggrl".*
Je...J'ai mal, au fait. Mais non...

Non...
*De l'aide. Quelqu'un. Sans que Zalya le sache. Les traits tirés par la douleur, le cambion parcourut du regard les enseignes des magasins. Llinde, couture. A moins d'être très très douée en rafistolage, non. Anareg, gri-gri. Pire. Les écailles du dragon, armurerie. Sans façons. Proelia, maison des mercenaires. Inutile. Maerga, rebouteuse. Au point où il en était...
Anathël fit un pas. Manqua de s'écrouler, fit un autre pas. Trottina. Trébucha. Claudiqua jusqu'à l'enseigne, à laquelle il s'aggrippa avec toute l'énergie du désespoir.*

De toi. Si si.
*Il n'avait pas l'air d'y croire. Il poussa la porte de la rebouteuse et s'écroula, inconscient, dans la boutique de celle-ci, qui poussa un cri.*

Le loup qui était resté assis non loin d'une fontaine, avait observé le petit jeu d'Anathël. Il s'approcha en trottinant lorsqu'il disparut dans la boutique. Il poussa doucement la porte du museau et, repoussant la vendeuse, il passa son museau sous le corps du démon pour le retourner doucement avant de lui donner des petits coups de truffe pour qu'il se réveille.

#Ow ! Debout... C'est ni l'heure, ni le lieu pour dormir... En plus t'as fait peur à la madame...#

Il jeta un coup d'oeil à la vendeuse qui les regardait, horrifiée.

Mgnmgn...
*Le cambion se sentit poussé. D'une voix pâteuse, il demanda:*
Ce serait pour un rafistolage...Madame...Heu...Toi?
*Le semi-démon se releva mollement avant de s'afaisser derechef.*
@Est-ce-que je perds encore du sang, moi, merde?@
Wise...?
*Il ne connaissait pas beaucoup de loups télépathes, après tout. Il approcha avec hésitation sa main valide de sa nuque et se la massa. Quelques bleus dûs à la chute, pas plus. Tant mieux. Il ne tenait pas franchement à aggraver son cas.*

#Non tu ne perds plus de sang... Et oui, aux dernières nouvelles je m'appelle Wise. Qu'est-ce qui s'est passé, nom d'une pomme vermifugée !??#

Ma douce et tendre...M'a aimablement arraché la main...Et ma soeur chérie m'a broyé le genou. A part ça, je vais bien.
*Il geignit puis eut un soupir amer.*
Sauf que j'ai l'impression que je vais expirer poliment, mais ça, c'est secondaire.
*Le cambion aimait bien Wise. Ils ne s'étaient pas connus comme deux frères, mais son esprit détaché qui frisait parfois le j'm'en-foutisme ne pouvait que plaire à un cynique comme Anathël.*
Tu les connais, mes deux adorées. Tu les connais...
*Il soupira de nouveau. Pas moyen de se relever.*