Neopian Writers
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Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. [Maguerite Duras]
 
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 Lise (ou la resurrection de l'écritage yllonien)

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2 participants
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Yllora
J'écris ... Pénard(e) ...
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Yllora


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Date d'inscription : 15/03/2007

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MessageSujet: Lise (ou la resurrection de l'écritage yllonien)   Lise (ou la resurrection de l'écritage yllonien) Icon_minitimeSam 22 Déc - 21:38

Elle m’avait appelé un après midi froid de février. J’ai été tenté de ne pas décrocher. Ça fait partie des trucs que je déteste, le portable qui sonne dans le RER. Que je sois seul ou accompagné. Dans un cas comme dans l’autre, je déteste causer quelque dérangement, que ce soit la sonnerie ou la conversation qui s’ensuit. Je suis le premier à fusiller du regard les mecs l’oreille scotchée à leur téléphone, ou pire, jetant des postillons sur un micro de kit mains-libres, sans aucune considération pour les autres voyageurs du compartiment qui se foutent bien de la dernière connerie de ce con de Manu ou de quelles bières je ramène pour le match samedi. En braillant comme des porcs, le plus souvent. Alors vous comprenez que le faire moi-même, j’évite comme la peste. Je me fais l’effet d’un snob, comme ça, mais sérieusement, vous n’avez pas envie de les assommer autant qu’ils nous assomment, vous aussi ? J’ai des principes, quoi. Mais là, après avoir frénétiquement fouillé dans ma poche et lu son nom sur l’écran, au lieu de simplement retirer la batterie comme je l’aurais probablement fait, j’ai décroché.
Parce que Lise n’appelle jamais. Si loin que je puisse m’en rappeler, avant ce jour, jamais. Des sms, assez souvent, mais pas tellement. Il faut dire qu’on n’a pas grand-chose à se raconter, et puis je pense que, l’un comme l’autre, on n’aime pas tellement le téléphone. Elle est très bavarde mais déteste le téléphone. Msn, c’est tellement mieux, c’est moins cher et elle peut y insérer tout ces émotes chers à son cœur pour remplacer les mains qu’elle ne peut agiter en tout sens, comme elle le fait lorsqu’elle parle à quelqu’un en face à face. Le manque de visuel, c’est aussi ce que je n’aime pas dans le téléphone, mais moi je ne parle pas énormément. Je déteste juste le téléphone. Lise n’appelle jamais, et là, si. Alors qu’elle savait forcément que je ne manquerais pas de me connecter le soir même, comme a peu près tous les soirs, aussi, j’ai paniqué l’espace d’un instant. Entre le moment ou mon pouce a soulevé et donné une impulsion au clapet qui alla taper contre mon index et celui ou je portais la machine à mon oreille, j’imaginais mille raisons pour lesquelles elle m’appelait. C’était forcément pour un truc important, et vraiment important. Dans le genre très important. Parce que même les choses que l’on peut classer d’ »importance relative », elle ne me le disait pas forcément via msn, c’était à la fois une de ses grandes qualités et grands défauts : elle refusait de lâcher une information sans rapport avec le reste de la conversation et détestait y être contrainte. « Au fait », c’était le genre de choses qu’elle n’aimait ni dire ni écrire. J’étais convaincu que jamais, comme je sais que certains le font, elle n’aurait appelé pour le prétexte stupide du « j’voulais juste entendre le son de ta vouâ » pétri d’amour transi. Pétrie d’amour transi, elle l’était sûrement encore, d’ailleurs, enfin sans vouloir paraître vaniteux en plus de paraître snob, sans aucun doute même. Même si cela devait faire presque 4 mois que j’avais, comme on dit « repoussé ses avances » - mais ne vous méprenez pas, du mieux que j’avais pu, enfin je l’espère – manifestement je représentais toujours une sorte d’idéal pour elle. J’en étais conscient et je ne mentirais pas en déclarant que « je ne comprenais vraiment pas ce qu’elle pouvait me trouver », j’imagine que sous certains angles je peux être séduisant, ouais. Enfin sous certains angles, les autres elle n’avait pas du bien les voir. Tout compte fait, peut être que je n’aurais pas du les lui cacher non plus. Toujours est-il que je savais qu’elle m’aimait, mais d’une manière assez vague, assez floue, comme quand on voit une silhouette de voiture au travers de la brume. On voit parfaitement si les phares sont allumés, distingue la forme, a peu près le type. Mais pas la marque, ni le modèle. Quant au conducteur, impensable. Mais je le savais, j’en étais parfaitement conscient et elle savait que je savais. Enfin, normal me direz vous puisque qu’elle me l’avait avoué. Mais elle savait que je ne l’avais pas oublié. Elle m’aimait malgré cela et ne s’en cachait pas. Pas jusqu’à me le dire texto, mais si je lui avais demandé, elle m’aurait répondu sans honte que, oui c’est toi que j’aime. Et c’est flatteur, bien sur. Mais tellement gênant.
Bref, « Allô Lise ? » Soupir de soulagement, ou de contentement, peut être un peu des deux à l’autre bout du fil.
« Je suis contente que tu répondes »
Juste ça, et puis un silence. Que pouvais répondre ? Je ne savais pas trop ce qu’elle attendait de moi, et mon cerveau continuait malgré moi de bouillir et d’imaginer les hypothèses les plus folles sur les raisons de cet appel.
«- …heu...eh ben, ça va ? Qu’est ce qu’il y a ?
- Oui, oui, ça va. J’ai besoin de ta musique.
- Hein ? »
Ça peut paraître vu et revu, ce que je vais vous dire. Une maxime mille fois lâchée, mille fois mâchée et avalée, un automatisme de plus en plus dur à digérer. Vu et revu. Mais ne sous-estimez pas le pouvoir des mots. Cette phrase si simple, ces 5 mots qui m’ont donné comme un coup dans l’estomac, et puis en même temps cette sensation de chaleur qui se répand en moi quand je reçois un compliment sur ma musique. Et Lise m’en avait souvent fait. Mais là, ça ne tenait pas du compliment, c’était un bizarre amalgame entre « rends moi service » et « j’aime ce que tu fais ». Mais je ne comprenais pas le but de la manoeuvre. Pourquoi simplement ces 5 mots et ce silence alors qu’elle mourrait sûrement d’envie de me raconter pourquoi et comment ? Et ce silence, ce silence.
« -On peut se voir, dis ? »
Lise…Que je n’avais vue que 3 fois auparavant. Et globalement, plutôt à mon initiative. Le coup à l’estomac se transformait en vipère qui répandait son venin de doute partout dans mon corps. Et ma raison qui me hurlait « pas-normal-pas-normal-pas-normal ». Tellement inhabituel. Et moi qui ne savais toujours pas quoi dire. J’aurai du exiger des explications, la sommer de m’expliquer pourquoi ce comportement étrange, et bêtement j’ai répondu :
« - Pourquoi pas, quand ?
- Dès que possible. Tu fais quelque chose demain ? »
La sirène d’alarme dans ma tête grondait, grondait, grondait. « Pas-normal-pas-normal ». Jamais Lise ne m’avait demandé quelque chose aussi directement. Cela rejoignait son dégoût de l’à propos. Toujours subtilement, glisser d’un sujet à l’autre, et amener la réponse sans poser la question.
« -Non, non, c’est bon.
- Super ! Tu peux venir avec ta guitare, tu crois ?
- Heu… Oui, si tu veux. Comment on va chez toi déjà ?
- Le train, le train, les panneaux à Saint-Lazare, tu te souviens, novembre ? Ma ligne a pas de nom, les panneaux à la gare. Oh, excuse moi, vraiment désolée, j’ai plus le temps, tu me promets alors ? Demain, avec ta guitare ? »
Ma sirène intérieure sur le point de faire exploser mes tympans. Lise, pourquoi es tu si pressante, Lise, Lise, explique moi….
« -Heu…je… oui, j’espère ne pas me planter à la gare…
-Super ! Merci, vraiment, à demain, merci, merci. »
Et elle raccroche. J’avais la main encore crispée sur mon portable et les yeux dans le vide quand la voix faussement suave sortit des hauts parleurs du train et annonça mon arrêt. Me prévenant inutilement de faire attention à la marche en descendant du train. Mon coude embrassa le bitume du quai.

(Fin de la première partie, j'écris la deuxième, je sais que jdevrais attendre d'avoir fini pour vous l'envoyer mais voilà, jsuis contente, jrecommence à écrire ^_^ ça fait tellement longtemps.... M'en voulez pas trop de pas être là :triste: enfin, du moins de pas répondre, parce que si vous m'voyez pas connectée c'est juste que j'ai la flemme de cliquer sur "connexin", parce que je lis vos messages mais j'ai pas grand chose à y répondre ^^')
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Mathy
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MessageSujet: Re: Lise (ou la resurrection de l'écritage yllonien)   Lise (ou la resurrection de l'écritage yllonien) Icon_minitimeDim 23 Déc - 23:45

J'aime beaucoup le début, avec tous les trucs pour un simple téléphone qui sonne... C'est pas toujours facile de faire ça.
Et sinon, ben tout est bien.
'manque plus qu'la suite.
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