Jour radieux...Ou pas.

(Paloma n'm'répond pas, alors...:/)
*Anathël cligna des yeux. Lumière du soleil. Il ignorait tout de l'heure qu'il était. Mais il se sentait vidé, épuisé, fatigué, mais ce n'était pas faute d'être resté inconscient un bon moment. Il boitait toujours -il lui faudrait un moment pour s'habituer au métal qui remplaçait désormais les os de son genou-, et gardait encore les réflexes concernant l'utilisation de sa main. Le fait que c'était sa main gauche dont il s'agissait n'y changeait rien: comme la plupart des démons, il était ambidextre et se servait presque toujours des deux. Tellement de choses changeaient en si peu de temps! Il y avait encore quelques années, il était esclave, mais indemne, et surtout, surtout, bien loin du monde matériel, dans la cité d'Enthyl. Et maintenant, c'était libre et estropié qu'il parcourait un monde infini. Il avait failli mourir! C'était une constatation qui venait de le frapper. Bien sûr qu'il avait geint, qu'il avait eu peur. Mais mourir, vraiment, mourir, revenir dans les Limbes à jamais, il n'y avait pas pensé. Pas précisément. Pas en évoquant ses souvenirs qui, pour douloureux qu'ils soient, s'effaçaient progressivement de son esprit. Et ce n'était pas plus mal. Il avait envie de changer. De cesser d'être le cynique dépressif qu'il était toujours. Bon, d'accord, il resterait cynique. En moins dépressif. Les choses s'étaient calmées, la vie était belle. Un rayon de soleil faisait briller ses cheveux de geai qui, pour une fois, pendouillaient librement sur ses épaules maigrichonnes, au lieu d'être attachés en catogan dans sa nuque. Il y avait de la lumière, des gens qui parlaient. Une fille qui lui jetait un regard amical, avec un petit sourire. Il lui renvoya, maladroitement. C'était rare que les gens s'intéressent à lui, malgré son apparence peu commune, et plus rare encore étaient les anonymes qui lui souriaient. Bien. Anathël se sentait même d'humeur à s'attaquer au monument de tristesse et de férocité qu'était l'humeur de sa petite amie. S'il arrivait à la trouver.*

Zalya arriva, essoufflée dans la ville de Liaven. Elle plaqua sa tête contre la roche froide des remparts, les paupières closes. Elle ouvrit les yeux pour observer sa main gauche. Une large feuille prenait place sur sa paume, s’ajustant parfaitement à la forme et aux plis de la main, tel un tatouage. Elle soupira. De son autre main posée sur les pierres sortaient des branches qui se collaient au mur. Elle jeta un regard las sur celle-ci puis soupira à nouveau.
« C'est joli, ces feuilles, on dirait une dryade. »

@Arrête de penser à ça, ma pauvre Zal. Tu es ridicule.@

Rares étaient les fois où Zalya se parlait. Elle réfléchissait beaucoup mais ne s’adressait la parole que très peu. Cette réaction lui fit penser à Anathël encore une fois. C’était bien son genre de se parler à lui-même. Elle soupira une nouvelle fois.

@Pourquoi t’es là à soupirer et à regretter ? Tu devrais le chercher … Tu es totalement inutile ici …@

- Oh ! Ta gueule !

Son cri résonna contre le mur et quelques passants lui lancèrent des regards étonnés ou terrifiés.
Zalya perdait totalement la tête. Le chemin entre Zeviel et Liaven avait été long. Elle n’avait ni mangé ni bu et n’en éprouvait que très peu le besoin et l’envie dans l’immédiat. Mais son cerveau délirait réellement. Elle se traîna jusqu’à une fontaine dans laquelle elle plongea la tête. L’eau n’était pas très propre mais tant pis. Un âne buvait à côté d’elle, impassible. Elle sentit ses feuilles se revitaliser et sa gorge pâteuse soulagée. Elle sortit la tête de l’eau et, à quatre pattes, pleine de dignité (-_-‘) , elle alla se reposer contre un arbre à une dizaine de mètres. Elle balança la tête en arrière, contre le tronc, les yeux fermés.
Soudain, elle entendit les cris d’un homme qui la firent sursauter …

- Viens là, sale cabot !

Elle sentit ensuite les coups de langue d’un chien sur son visage. Elle ouvrit les yeux et découvrit un beau loup gris. Le maître à une centaine de mètres s’évertuait à le rappeler. L’elfe sourit. Le canin lui donnait envie de prendre sa forme de louve puis elle décida qu’il fallait se tenir étant donné que sa retransformation la dénuderait en public. L’homme arriva, attrapa le loup par la peau du cou et le tira. L’animal salua l’elfe d’un regard triste tandis que son maître ne s’excusa même pas du dérangement auprès de Zalya, parant sans lui adresser un coup d’œil.

- Ce n’est pas grave !

Dit-elle avec ironie.

L’homme se retourna, la toisa puis lança avec arrogance:

- Une problème, monstre ?

- J’en ai marre de ce surnom. Ferme-la. Je ne suis pas d’humeur à supporter les lourdauds de ton espèce.

Rétorqua-t-elle froidement.

Il dégaina une dague. L’elfe leva un sourcil et les pieds de l’opportun se retrouvèrent attachés solidement au sol par des branchages sortis de nulle part. L’arme alla s’enfoncer dans la pierre sous les yeux effarés des passants.

- Fous-moi la paix.

Il sortit un poignard qu’il jeta sur Zalya. Elle ne put l’éviter et se le reçut à la naissance du cou. Elle eut un gémissement de douleur et se leva sous le regard fier de l’inconnu. Elle sortit la lame de son corps et l’enfonça sans ménagement dans le ventre de l’homme avant de lui faire faire quelques mouvements circulaires, réduisant en charpie les intestins du malheureux. Une femme poussa un hurlement de terreur et Zalya jeta l’arme par terre avec dédain. Le loup, lui, observa le cadavre s’écrouler sur ses pieds toujours attachés puis il suivit Zalya qui s’en allait. Elle se retourna.

- Ne me suis pas. Tu finiras mort comme tous ceux qui m’ont approchée.

L’animal poussa un couinement plaintif, plongeant son regard dans le sien. Elle soupira.

- Allez, viens.

Elle lui caressa la truffe avec un sourire bienveillant. Un animal ne pouvait pas lui faire de mal. Surtout un animal qu’elle comprendrait. Elle muta, prit les vêtements tombés au sol dans sa gueule de louve et trottina aux côtés de son nouveau compagnon …

@...@
*Il avait détourné les yeux du sourire de la jolie fille, qui était redevenue anonyme, perdue et noyée dans la foule. Il y avait une odeur dans l'air. Un peu métallique. Il ne la reconnaissait que trop bien. Pour l'avoir cotoyée de très longues heures. Aux passants, elle n'évoquait sûrement que -peut-être-, l'étal proche d'un boucher, quelques gouttes du sang d'un boeuf anonyme dont il n'était nul besoin de s'inquièter. Mais à Anathël, ça évoquait plus le goût, l'odeur salée du sang humain -et démoniaque, même chose. Il ne se rappelait pas avoir jamais eu les sens aussi aiguisés, mais cotoyer plusieurs adeptes du massacre l'avait habitué, fallait-il croire.

Et donc...

...Le sang coulait quelque part. Et, une fois qu'il y pensa après s'être fait cette remarque, il s'en fichait éperduement. Le cambion manchot reprit sa marche, plus paisible encore que ce qu'il aurait pu imaginer. Que les gens se mutilent, se blessent, meurent, il n'en avait rien à faire. Il n'avait jamais prétendu être bon. Ni mauvais. Il n'était qu'un semi-démon, après tout. Et un semi-il-ne-savait-trop-quoi,-n'était-pas-près-de-le-savoir-et-s'en-foutait-aussi. Le problème des gens (pensait-il tout en ruminant ses souvenirs), c'était qu'il voulaient coller une étiquette sur tout le monde. "Gentil", "méchant". C'était leurs étiquettes favorites. Ou plutôt, rectifia t-il, "avec moi" "contre moi". C'était d'un égoïsme flagrant. Mais Anathël avait dépassé ce stade de l'égocentrisme. Désormais, il n'y avait plus que lui, les autres, on s'en foutait.*
@Comprendre le sens de la vie, tout seul. Jolie idée, mon petit Anathël. Presque aussi intelligent qu'attacher un pétard à la queue d'un loup. Et aussi utile.

...Un loup? Un loup? Tu délires, Anathël. Idiot. Ce...Oui, bon, d'accord, je dois admettre. Deux loups. Tu as deux loups en liberté sous les yeux. Dont un qui transporte des chiffons avec un plaisir manifeste. Oh, et puis qu'est-ce-que ça peut te foutre?! Rien. Alors tu vas me faire le plaisir de détourner tes petits yeux humides de ces bestioles et de surveiller ta marche, sauf si tu tiens vraiment à te prendre un étalage dans la figure. Ce qui ne serait pas *forcément* bon pour ce qui te reste de santé.@

*Il n'avait jamais trouvé de meilleur interlocuteur que lui-même. Son cynisme fonctionnait parfaitement tout seul, et en boucle s'il-vous-plaît.*

L'oeil de louve de Zalya se posa sur le cambion. Automatiquement, elle se retransforma en humaine, absourdie. Elle était à présent nue, les yeux grands ouverts sous l'effet de la surprise. Elle resta un moment tétanisée, sa plaie du cou dégoulinante .... Le liquide est un mélange étrange de sang et de sève. Elle attrapa ses vêtements et les plaça aux endroits stratégiques (xDDDD).

@ Tu fais quoi ma grande, là ? @

- Anathël ...

Le loup se colla contre Zalya dont la peau devenait granuleuse à cause du froid. Mais elle s'en souciait guère. Elle avait retrouvé An, relativement "vivant" et "entier".
Les gens autour commentaient la scène avec un ton moqueur, étonné, méprisant ou passionné. Quelques femmes s'insugeaient devant la nudité de l'elfe-lierre, d'autres observaient mon corps végétal avec curiosité tandis que les hommes se rinçaient l'oeil ou la traitaient de "traînée", de "monstre" ....