Sous une femme, des os

*C'était la foule des grands jours, le marché mensuel ayant prit place sur les pavés. Marchands criant la force des armes du Nord, récitant la beauté des bijoux d'Orient, clamant la douceur des mets du Sud... Il y avait de tout. Liaven était au moins réputée pour la diversité d'échoppes qui composaient son marché du premier dimanche du mois.
C'était la foule des grands jours, le ciel ensoleillé du printemps n'y étant pas pour rien. Jeunes couples, damoiseaux et damoiselles, voleurs, humbles paysans ou enfants de la rue, tous avaient décidé de profiter de cette journée. Liaven avait l'avantage de réunir toutes les classes sociales qui contribuent à la stabilité de la société.
Et parmi la foule, une femme. Sereine, souriante, aussi intéressée par les saveurs équatoriales que contemplatrice des colliers finement ouvragés de l'Est. Une femme épanouie, en fait, comme il y en avait tant de demoiselles que l'on pouvait croiser ce jour là. Seulement, on avait cette vision si l'on ne regardait que son visage, car si on voulait avoir une vue d'ensemble, on serait surpris, peut-être même dégoûtés, pour certains. Après tout, ce n'est pas souvent qu'on voit une demi-femme être portée par une paire de pattes squelettiques de dracoliche, sans compter son bras gauche à trois doigts pourvus de griffes de métal. Une femme sur des os, marchant grâce à des os, prenant des objets de la main gauche avec des os… Et elle s'en portait bien, c'était là le plus important.
Cependant, après quelques semaines à parcourir montagnes, plaines et forêts presque inhabitées, le retour en ville est synonyme de regards. Et celui des autres est toujours insupportable, même si on y est habitué.
Heureusement, Spyra savait ce qu'elle cherchait pour trouver un peu de réconfort, ses deux autres compagnons étant partis visiter la ville chacun de leur côté. Ou plutôt, qui elle cherchait. Mais en attendant de trouver ce "qui", elle décida de s'arrêter à l'échoppe d'un nomade pour contempler et sentir les épices venant de l'Ouest, par-delà les marécages.*

- Vous voulez acheter quelque-chose, madame ? demanda aimablement le marchand avec une petit barbichette.
- Mademoiselle.
- Veuillez m'excuser. Votre beauté fait facilement deviner que votre cœur n'est pas seul.

*La femme sourit et rougit imperceptiblement devant le compliment*

- C'est le cas, mais le mariage n'est pas pour aujourd'hui. Je viens juste profiter des effluves de vos produits.
- Comme vous avez raison ! Eh bien, profitez, demoiselle, profitez ! Ces épices ont toutes les vertus que l'on peut imaginer ! Et ce n'est pas à cause de leur parfum que je vous ferais payer.
- Merci infiniment.

*Aube avait une désagréable sensation d'amertume au creux de l'estomac. En pleine foule, il était humain, bien sûr, sans armure et sans arme, mais ne manquait pas d'attirer les regards de la moitié de la population de la place. Comme toujours, la perfection faite...dragon métamorphosé attirait les yeux, et il pensa, avec un sourire, que certaines ici allaient avoir du mal à trouver du charme à leur compagnon autrefois si parfait, après l'avoir vu. Il n'était pas tant vaniteux, mais savait pertinemment qu'il était ce qu'on faisait de plus beau. Normal, il était un artiste, comme tous les Aeryel, la seule différence résidait dans la nature de l'art en question. Il s'était forgé une apparence parfaite, un avatar éblouissant. Les autres Aeryel chantaient. Vêtu d'un simple pantalon de toile blanche, d'une chemise blanche, de bottes de cuir délacées et d'un seul gant de cuir, à la manche roulée jusqu'au poignet, il savait qu'il avait...quoi...La classe! Mais la sensation d'amertume ne se dissipait pas alors qu'il repoussait d'une main négligente une charmante vendeuse d'oignons prête à lui jurer qu'il lui fallait absolument un bouquet d'ail. Syül était en ville, il le savait. La créature. Le porteur de la perte! Mais, dans une aussi grande foule, et sous une lumière aussi éclatante, un vampire ne se montrerait pas. Aube sourit pour faire bonne mesure (le soir même, les hôpitaux de Saint Gwëlldrallon recencèrent un fort taux de demoiselles en plein délire).*

Liaven, me voilà! Non, mademoiselle, je suis presque sûr que vous, vous ne vous appellez pas Liaven. Je ME parlais. Lâchez ma manche, pour le moment, voulez-vous? Non non, pas d'échalottes non plus.

*Il soupira. Les avatars des dragons étaient toujours exagerés, ses frères de race mettant la plupart du temps le meilleur d'eux-même dans la création de leur apparence. Mais ils étaient trop spontanés, voilà le problème. Wardan arrêterait aussi de râler, si seulement il y mettait plus d'application.*

Ecoutez, franchement, je n'ai rien contre l'ail, mais cela me donne des aigreurs d'estomac...

*Bien qu'un rien moins sarcastique, Spyra ne put s'empêcher de retourner le compliment du vieil homme dans sa tête. Le disait-il sincèrement ou était-ce de pure forme ? Ou encore, et là ça irait très mal pour lui, était-ce une moquerie. Pourtant, la seconde solution était la plus envisageable.
La femme (presque trentenaire ! c'est que ça grandit !) posa ses yeux noirs sur un plateau d'or - il devait servir à disposer les épices lors d'un repas - aussi lisse et brillant qu'un miroir avec impassibilité. Elle avança ses mains - le contraste entre les deux la choqua une fois encore - le prit et, non sans appréhension, l'orienta doucement vers son visage. C'était pourtant vrai. Ses cernes avaient disparues, sa maigreur de même et ses lèvre abîmées étaient redevenues saines. Et dire que Mortadir l'aimait encore lorsque tous ces défauts étaient présents. D'ailleurs, c'est grâce à lui qu'elle était redevenue une femme normale. Normale... Comme toutes les autres ?*

@Non, jamais...@

*Sa cicatrice, elle, n'avait pas changé. Toujours aussi rouge, toujours aussi marquée, et jamais ne guérira. Et ses yeux ? Toujours la même lueure farouche, presque animale, comme cell d'un tueur qui sévit dans l'ombre et sans pitié. C'est l'héritage de ce qu'elle était autrefois. Le passé jamais ne changera.
Une femme normale... Trois mots si difficiles à prononcer. Une femme normale n'a pas tué d'innocents, ne s'est pas fichue du monde, n'a pas des membres de dracoliche en métal.
Son regard dévia sur sa main gauche. Trois doigts, trois griffes, des os. Un cliquetis s'éleva lorsque l'un de ses doigts osseux - sans doute un tic - se leva poour aussitôt revenir enserrer le bord du plateau avec ses deux autres compagnons.
Plateau qui fut vite reposé. Plateau qui fit à nouveau dévier les yeux de plus en plus froids de Spyra sur le sol. Donc sur ses pattes. Quatre doigts, quatre griffes, de grands os et du grand vide.
La demoiselle ferma un instant les yeux. "Le retour en ville est synonyme de regards." Retour des regards et des vieux démons. Ce n'était pas un caprice. Elle ne se trouvait pas moche. Elle se trouvait trop... Unique.*

*L'esprit du dragon était orienté vers un but: la flânerie. Qui ne paraissait pas être un but en soi. Mais il faut de la maestria pour flâner avec art. D'autant plus lorsqu'on s'assure d'attirer tous les regards et de les ignorer. Quoique...Non. L'oeil azur d'Aube s'en aperçut assez vite, il n'était pas la seule chose remarquable dans la foule compacte et bruyante. Là, à l'épicerie? Il flaira l'air avec attention. Ce n'était pas une hybride. Aube reconnaissait, comme tous les dragons, ses "frères" à un kilomètre de distance, par temps neigeux et avec un rhume carabiné. Elle ne ressemblait ni à un golem d'acier -ou de chair?- ni à une Mante. La demoiselle en question se mirait dans l'or. Outre ses membres de métal, draconiques, qu'il était difficile d'ignorer, Aube lui flaira une odeur particulière. L'homme du monde devint quelques secondes un dragon, un vrai, prisonnier de son avatar humain, et inspecta avec la vue d'un antique lézard les pattes et le bras de Spyra. Dracoliche. 2875 ans d'âge, et des poussières. Pas un de ceux qui harcelaient la famille Aeryel -il en était presque déçu. Ses yeux virèrent au blanc, et ses cheveux s'éclaircirent, mais son fan-club vendeur d'oignons ne s'en aperçut pas. Elle porte l'empreinte. Quelqu'un qui a vu ma matriarche, qui lui a parlé -je n'aime pas non plus les poireaux-! Quelqu'un d'important. Aube vénérait presque Zyl, et porta avec amour sa main au pendentif qu'elle lui avait offert. Tous les Aeryel en avaient un, même...l'Astral -il se demandait, et n'était pas le seul, comment un dragon éthéré pouvait porter une amulette- et...Lui. Syül. La créature abjecte qui avait pris possession du frère bien-aimé. Le Vampire! Celui qui avait accepté d'être...Le Prophète. Eldaë avait eu le bon sens de refuser le rôle qu'on lui destinait, et lui, perverti par la mort qui coulait dans ses veines, avait accepté de plein gré le rôle...Aube serra les dents, décidé, s'il le fallait, à se sacrifier pour empêcher la prophétie de Mort de se mettre en marche, et reporta son attention sur la femme, prenant bien garde à ne pas se faire remarquer, ce qui était pour lui une chose...inhabituelle.*

[Navrée pour le retard, autorité paternelle ayant pris possession de la boîte à puces...]

*Les yeux toujours clos, elle ne put s'empêcher de prêter attention aux bruits qui l'entouraient. Et plus précisément ceux des pas. Chaussures à talons, bottes, bottines, souliers de bois ou de cuir, sandales, même les pieds nus sur le pavé. Tout lui parvenait. Depuis combien de temps n'avait-elle pas chaussé une paire de ces énormes bottes que les aventuriers affectionnaient tant ? Depuis combien n'avait-elle pas senti le chaud et le froid sous ses pieds ? Enfin, depuis combien de temps essayait-elle de ses faire la plus discrète possible sans y parvenir ? Partout, sur toutes les surfaces, elle pouvait dinstinguer un cliquetis incessant lorsqu'elle se déplaçait. Mais elle avait pourtant finit par s'y habituer, au point de se demander si ses oreilles n'étaient pas bouchées lorsqu'elle ne marchait pas.
Elle rouvrit les yeux.
Et cette main ? Une main tridigitale aussi robuste que de l'acier renforcé et pouvant doubler, voire même tripler, la force de sa propriétaire. Pratique pour le combat, mais... Pour la vie "normale" ? Faire attention de ne pas renverser le pichet, et être sûre, pour cela, d'avoir imaginé la bonne configuration de doigts, et...
Ca n'en finissait pas. Jamais.
Spyra grogna lorsqu'on la bouscula et revint à elle. Pas le moment de se lamenter. Ces membres lui ont déjà sauvé la mise. Mais ils ont aussi tué son frère et l'"Ombre au tableau", Vanycent. Ce n'est que par miracle - merci Mortadir - qu'ils ont pu rester en ce monde.
Grah ! Elle s'était pourtant bien habituée jusque-là, pourquoi (re)commencer à se poser des questions ?
La demi-femme soupira, rangea une mèche de cheveux qui lui tombait sur l'oeil gauche avec sa main draconique et salua le marchand d'épice qui lui décocha un sourire chaleureux, tandis que les clients ne semblaient plus fuire son stand.
Toujours aucune traces de ceux qu'elle cherchait. Elle avait pourtant fait tout le marché. C'est après quelques pas (draconiques, bien entendu) que son esprit tilta. La plupart - si ce n'est toutes - des demoiselles présentes, en couple ou pas, semblaient regarder dans la même direction avec exitation et gourmandise. Spyra s'arrêta et tourna doucement la tête pour voir qu'une marchande de légumes (il y en avait beaucoup, à ce marché) était prête à chanter une chanson à un homme pour qu'il reste un peu plus longtemps près d'elle.*

@.....................Pauvre fille...@

@Oh...oups?@
*Il leva les yeux au ciel de la même couleur. La femme l'avait remarqué, aussi, ce qui arrivait forcément un jour ou l'autre à quiconque se trouvait à moins de 500 mètres de lui, y compris par temps de brouillard. Quelques mèches se foncèrent, et ses yeux redevinrent d'un joli bleu à la limite du turquoise, alors qu'il souriait avec négligence à la portion de terre battue située juste devant lui, qui contenait une proportion étonnante de femmes. Dont une. Il souriait à tout le monde, l'Aubounet! Bien sûr, un dragon, même métamorphosé, se devait de se montrer galant, courtois, élégant, sympathique, gentil, prévenant, irrésistible et parfait de manière inssuportable. Selon lui. Mais il soupira, levant de nouveau les yeux lorsqu'une main fine et pâle lui offrit une poignée de ciboulette fraîche, qu'il repoussa avec douceur et sourire. Au besoin, il saurait utiliser sa persuation pour mettre dans le crâne de la fille que non, il n'était pas d'humeur pour le moment à prendre un jus de tomate arrosé de sauce Thabas-kô en compagnie d'une femme charmante. La demoiselle-avec-de-vrais-morceaux-de-dracoliche-dedans l'avait vu. Enfin quelqu'un d'interessant, et pas de ces "Grogh Hachetranchante, nain guerrier", "Sylviana Millundri, archère elfe" ou "Tim-la-potence, voleur espiègle". Comme tous ses frères en voyage, il écrivait gentiment ses rapports à Eldaë, couchés sur des morceaux de parchemin taille dragon, et y griffonait souvent quelques notes à propos de gens rencontrés. Platine était spécialiste du genre, lui, il se contentait de décrire quelques personnes insolites. Ou particulièrement charmantes. Plutôt la deuxième option. Les deux en même temps étaient bien sûr un luxe. Aube, donc, avait souri à Spyra, ou dans sa direction. Il aurait pu sourire à une volée de mouches tant les dames étaient nombreuses, à présent! Aube ne s'en réjouissait pas vraiment, il n'était pas vain à ce point.*

*Pauvres filles, toutes si naïves... Dès que ça voit un bel homme, ça se précipite à ses pieds et ça fait tout pour, minimum, le tenir à portée du regard. Comme si les Beaux de ce monde étaient tous galants, aimables, etc... Tout le monde a des défauts, qu'elle sache. Mais bon. Ce n'était pas ses affaires, elle avait une autre vie à côté de celle des autres, et elle se trouvait être déjà assez bien remplie comme ça.
Elle cligna des yeux, faisant disparaître pour quelques milièmes de secondes ses iris noirs d'onyx. Etrange. Le beau damoiseau avait souri, mais pas comme il le faisait quand il refusait poliment les cadeaux des femmes qu'il attirait. Un sourire... Euh... Souriant ? Bref. Spyra haussa intérieurement les épaules et se retourna pour recommencer à faire entendre ses bruits métaliques. Ce devait être à l'adresse d'une belle aventurière qui aurait pu le sauver de ces êtres collants que sont les femmes et qui devait être derrière l'ex-Tueuse. Aucune importance. Enfin...*

@Qui sourirait à une réplique de cobaye ratée ? Mis à part le marchand d'épice, je n'ai encore vu aucun inconnune serait-ce que me regarder sans peur ou dégoût dans les yeux. Je sais que la société est individualiste, mais quand-même... Heureusement que mes deux hommes ne sont pas aussi crétins...@

*Elle s'éloignait encore, jusqu'à une grande fontaine au bord de laquelle elle resta debout, fixant l'eau miroitante presque avec lassitude sans s'y voir. C'était pourtant vrai, l'apparence est, pour tous, la chose la plus importante au monde. Cet homme, là, harcelé par les femmes comme des mouches sur du miel, était-il agacé de ne pas connaître la tranquillité là où il y avait des demoiselles ou voulait-il vraiment profiter de l'effet de sa beauté ? Spyra ne le niait pas, il était vraiment séduisant. Elle serait restée un tout petit peu en arrière pour voir qui il était vraiment, si elle n'avait pas déjà trouvé ce qu'on appelle "l'amour". D'ailleurs, comment... Non. Pas encore des questions existencielles. La vie était ainsi, aussi étrange qu'elle puisse paraître, et un point c'est tout.
La demi-femme s'assit sur le bord de la fontaine, posa son coude sur l'un de ses genoux métalliques et cala son menton dans sa paume. Non mais franchement, serait-elle devenue si sérieuse que ça, au fil des années !?*

*Aube jeta un nouveau regard à la demoiselle. Il fit quelques pas. Jamais Aube n'avait d'appréhension avant de parler aux inconnus, et encore moins aux inconnuES. Spontanément, les répliques lui venaient. Le dragon métamorphosé, l'ange, effectua une légère révérence à l'adresse de Spyra une fois qu'il fut exactement en face d'elle. Pour une fois, les pensées qui occupaient son esprit n'étaient pas exactement orientées sur le charme, que la curiosité dominait d'une main ferme.*
"Mademoiselle? Je vous vois assise ici, ne craignez-vous pas une telle chaleur? Vous êtes, hmmm...désertique, non? Alors je suis stupide. Vous ne craignez pas la chaleur. Mais cela vous dirait-il de prendre un verre avec moi? A vrai dire..."
*Il se pencha, comme s'il voulait lui faire une confidence, et se mit à murmurer d'une voix aussi agréable que son physique:*
"J'aimerai pouvoir me débarasser de ce nuage de jouvencelles...Et vous, vous me paraissez assez raisonnable. A vrai dire, vous êtes la seule. Et puis, vous, vous connaissez Zyl, non? Elle, elle vous connait, en tous cas."
*Il releva la tête, l'air ailleur, mais ses yeux avaient très légèrement blanchi, et ses cheveux semblaient luire d'une lueur intérieure.*

*Spyra leva des yeux interrogateurs au jeune homme. Il connaissait Zyl, la dragonne de bronze ? Elle lui rendit son salut en se levant et en inclinant la tête.*

- Bonjoa (bonjour, lorsqu'un désertique rencontre quelqu'un pour la première fois), monseigneur. En effet, j'ai déjà rencontré Zyl Aeryel.

*Spyra remarqua que les jeunes demoiselles qui en avaient après Aube semblaient se tenir un rien plus à distance. Elle soupira. Elle commençait à en retrouver l'habitude. La demi-femme hocha la tête à la proposition du dragon.*

- Un verre ne serait pas de refus... Les gens commencent sérieusement à m'ennuyer... Mais permettez-moi de me présenter : Spyra Rah'Jemey, enchantée.

"Aube Aeryel. Ravi. Voulez-vous?"
*Il se courba légèrement, l'invitant d'un geste de la main à le précèder. Tête toujours baissée, ses yeux luirent d'une lumière éclatante, qu'il prit bien soin de dissimuler derrière quelques cheveux négligés avec soin. Cheveux virant au blond platine, mais ce n'était que l'effet d'un reflet du soleil. Et les éclats scintillants dans le dos d'Aube ne ressemblaient certainement pas à des plumes. D'ailleurs, aucune plume n'apparait ainsi, n'est-ce-pas? Aube ne faisait que réfléchir, et avec un esprit à peine draconique, et les légères modifications physiques qui l'affectaient étaient à peine perceptibles par le commun des mortels. L'esprit humain -ou même inhumain- était ainsi fait qu'il gommait automatiquement ce qui n'était pas raisonnable, et, même dans un monde de magie, cela passait presque inaperçu. La vendeuse d'oignons avait, semble t-il, fini par lâcher le dragon. Il releva les yeux, entre deux mèches blondes, et son regard était parfaitement bleu. Impossible de deviner quoi que ce soit des pensées d'un homme possèdant un visage aussi parfait.*
"Je viens d'arriver en ville, je ne connais pas tellement l'endroit, mais..."
*Il jeta un coup d'oeil alentour pour aviser une taverne pourvue d'une terrasse, de clients vivants -il ne tenait pas à tomber sur un bistrot de morts-vivants, comme il en existait-, et de tables propres.*
"...Que diriez-vous d'ici, ma Demoiselle?"

*Spyra laissa l'ombre d'un sourire passer sur ses lèvres et hocha la tête.*

- C'est parfait. @Du moment que les gens n'aient pas les yeux fixés sur nous... D'un côté la perfection incernée, de l'autre un croisement improbable, les deux attirans les regards... Des regards certes différents, mais, après-tout, ça n'a pas d'importance.@

*Soudain, elle sentit un douleur atroce venant de son épaule gauche. Elle dû se retenir de ne pas crier. C'était une de ces douleurs aigues qui vous passent dans tout le corps et que vous finissez par ne plus sentir tellement elles sont fortes. La demi-femme grimaça, n'osant pas bouger son bras osseux. Elle eut à peine le temps de commencer à réfléchir au "pourquoi" qu'un sursaut de douleur la mit à genoux, ses rotules produisant un bruit métallique lorsqu'elles percutèrent les pavés de la place. Avec un regard d'excuse à Aube, Spyra avança sa main droite sur son épaule douloureuse et écarta doucement le pan de cape qui la couvrait. N'ayant qu'un débardeur sur elle, on pu voir une légère coulée de sang à la jointure entre le bras squelettique et la partie "normale" de l'épaule. Alors, la femme posa doucement sa main humaine à la partie du gros os qui reliait le reste au corps et ferma un instant les yeux, en luttant contre la douleur. Enfin, après une grane respiration et une intense concentration, elle tira de façon à ramener l'os vers l'épaule. Elle poussa alors un gémissement déchirant devant la courte mais puissante décharge de douleur. Puis, le coeur battant, elle renvoya sa tête en arrière, de soulagement, et se releva en se tournant vers Aube.*

- Je suis vraiment désolée... Il arrive parfois que mes membres se déboîtent un peu et pincent l'un de mes nerfs... Ca fait aussi mal que si on vous disséquait vivant *elle grimaça* Hum... Nous y allons ?

*Aube se pencha avec précaution vers Spyra, un mouchoir miraculeusement apparu dans ses mains. Il n'était pas excellent mage, mais connaissait les sorts de soins de base. Sourcils froncés, et yeux s'éclaircissants une fois de plus, il murmura, l'air préoccupé:*
"Je n'ai jamais été dissequé vivant, à vrai dire. Je veux dire, la bataille des Trois Lames était...Pardon. Désirez-vous de l'aide? Je suis médiocre, en magie, j'en ai bien peur, mais je peux toujours vous soulager de la douleur. Demoiselle?"
*Il eut un sourire aussi parfait que le reste.*
"La magie qui vous lie à vos...membres est puissante. Désirez-vous mon mouchoir? Hum...Ma chemise?"
*Il porta la main gantée à sa manche, comme s'il voulait en déchirer un morceau.*

*Spyra sourit devant tant de gentillesse et prit le mouchoir.*

- Le mouchoir suffira, merci infiniment. Et je ne pense pas avoir besoin de soins ; ce n'est pas la première fois que ça m'arrive ^^'

*elle essuya délicatement la fine coulée de sang restante et noua le mouchoir souillé autour de la jointure afin de prévenir d'autres risques de saignements. elle remercia Aube, s'excusa encore et se dirigea avec lui vers la terrasse où elle laissa au dragon le soin de choisir leur table - n'étant habituée qu'aux tavernes de nuit.*

(Hs: Je suis face à un affreeeeux dilemne...Aube...Syül...Syül...Aube...@_@! Lequel c'est le mieux? Syül est plus supportable mais je trouve le caractère d'Aube trognon xD[Vui, faut le voir quand il est avec un homme, parce qu'avec une femme, ben il est gentil...]
*A quoi ça sert, cette réflexion? Non, c'est pas pour augmenter le nombre de lignes >>*)
"Si la moindre chose ne va pas...Prévenez moi! Vous n'avez pas à vous excuser, bien sûr."
*Le dragon métamorphosé appréciait beaucoup sa forme humanoïde, contrairement à la plupart des dragons. De manière générale, les Aeryel supportait mieux la métamorphose, et seuls deux d'entre eux ne possèdaient pas le don inné de transformation. Et donc, Aube était peu regardant à la teneur en écailles de ses relations et amis. Spyra lui paraissait d'une nature "interessante" -n'oublions pas que les dragons métalliques sont naturellement très curieux-. Il choisit une table à moitié au soleil et à moitié à l'ombre, pour laisser le choix à la jeune femme, et s'assit en plein soleil, la peau pleine de zoulis reflets dorés.*
"Que désireriez-vous?"
*Il sortit une large bourse de cuir de sa chemise, contenant de grosses pièces d'or draconique, du diamètre de petites soucoupes à thé et de l'épaisseur de quatre millimètres. Généralement, ces pièces peu commune étaient acceptées aveuglément, juste parce qu'il s'agissait d'or pur et non frappé, et très facile à la revente. Mais Aube avait une excellente mémoire -une particularité, encore, des dragons métalliques-, et connaissait sur le bout des griffes le cours piècettes de cuivre/or draconique.*

[C'est quoi le blème ? Ô_o Tu veux en garder un pour toit toute seule ? :quoi: Mais tu sais, la polygamie n'est pas interdite avec les persos de jdr :shy: ]

*Spyra s'assit donc du côté ombragé de la table elle demanda une simple bière, n'ayant pas envie de trop dépenser l'argent d'Aube, et puis, de toute façon, elle n'avait pas faim et ne buvait presque que ça.*

- Vous êtes donc un......Aeryel ? Qu'est-ce qui vous amène parmis les humains ?

*La demi-femme était au courant des habitudes de la famille de Zyl. Ils restaient souvent entre dragons, même si quelques visites au milieu des bipèdes étaient parfois necéssaires. Ce qui la frappa le plus chez Aube, c'était sa beauté. elle ne savait pas que les Aeryels attachaient tant d'importance à leur équivalent humanoïde.*

(Mais pas l'inceste xD et c'est dommage, d'ailleurs >>)
*Aube hésita un instant puis demanda une bière fraiche pour son interlocutrice et un verre de vin gnomique -qui passait pour meilleur que le vin elfique, et moins cher- pour lui-même. Il déposa une des grosses pièces sur la table, après que le serveur fut passé, et calcula la somme en pièces de cuivre pour la monnaie qui lui serait rendue.*
"Oui, je suis un Aeryel. L'Egide, censément le protecteur de notre Héritière bien-aimée, mais disons que...Ma soeur se protège fort bien toute seule, et ne me l'a pas caché avec politesse. Je suis comme qui dirait...En congé? Je visite. J'aime beaucoup votre monde, à vous. Les dragons sont parfois bien austères. Et vous? Êtes-vous une aventurière?"
*Il sourit avec élégance.(tsing fit la lumière en se reflètant sur son sourire colgate ). Il n'avait rien contre les serveuses, les marchandes et les femmes du peuple. Mais, alors que celles-ci étaient, la plupart du temps, trop pleines de guimauves pour qu'il puisse avoir une conversation normale -dans certains cas, il aimait ne pas avoir à dire autre chose que des compliments-, les combattantes, les aventurières, ou même les simples gardes rattachées à la milice étaient déjà plus interessante coté verbage. Et les dragonnes des marais étaient si ininteressantes! Les Aeryel vivaient au coté d'un peuple de dragons verts, les Friedans, autrefois enemis puis à présent alliés, et certains des Aeryel -il pensa à sa soeur Aanelij- avaient déjà noué des liens avec eux. Mais les Friedannes lui paraissaient trop attachées aux traditions, et, surtout, surtout, aucun des dragons verts ne savait prendre une autre forme, ce qui était, aux yeux de la plupart des Aeryel naturellement métamorphe, quelque chose d'incongru. Il inspecta du coin de l'oeil Spyra.*

- Eh bien... Si on veut, oui... Je préfererais le terme de voyageuse.

*Elle ajouta pour elle-même : *

@J'ai passé l'âge (mental, voulait-elle dire) de jouer aux "y-a-un-problème-donc-je-fonce-dans-l'tas"... J'ai vécu trop de choses et....tué....trop de personnes...@

*Quoi qu'il en soit, Spyra trouvait ce dragon bien charmant. Non pas que les autres ne le soient pas, mais disons que c'était autre chose. Une telle perle rare ne se trouvaient, en tout cas, pas chez les humains. Sauf Mortadir, bien entendu, que la demi-femme considérait comme une perle unique, et, qui plus est, SA perle unique. Elle sortit de sa réflexion lorsqu'une serveuse leur apporta leur commande.*

- Un vin gnomique pour le magnifique homme et une bière pour la........"demoiselle" ?

*Spyra toussota avec gêne tandis que la fille rendait la monaie à Aube. Qu'elle ne voulait pas quitter des yeux, soit dit en passant.*

@Pathétique...@

#Je m'excuse d'avance, damoiselle...#
*Aube sourit et leva les yeux au ciel d'un air parfaitement innocent, alors qu'il entamait d'un ton guilleret:*
"Merci beaucoup, mademoiselle! Gardez donc cette pièce! Ma jeune épouse et moi sommes bien heureux d'être ici cet après-midi, et vous semblez légèrement désesperée. Merci pour la bière et le vin! Que disais-tu, donc, mon amour?"
*Sa dernière remarque s'adressait à Spyra. Aube avait beau être un paladin, un parangon, il avait beau aimer avoir de l'attention, cela ne se mélangeait pas à son désir d'avoir une conversation normale. En bon fils de Zyl, qui, plus jeune, avait elle aussi fourré son museau écailleux partout, il était curieux, nom d'un worg.*
#Me pardonnerez-vous? Je l'espère ^_^!#
*Il sourit à nouveau, et avala une gorgée de vin.*

*La serveuse ne pouvait s'empêcher d'ouvrir d'immenses yeux aux dires d'aube tandis que la demi-femme laissa un sourire encore plus amusé qu'on ne puisse le dire se peindre sur ses lèvres. Lorsque la jeune fille s'en fut, Spyra pouffa de rire, le rouge aux joues.*

- Bien sûr que je vous pardonne, Aube ! Mais n'était-ce pas un peu......exagéré ? o^^o'

-Pour la demoiselle ou pour vous?

*Il eut un sourire vaguement amusé et leva son verre, avalant une nouvelle gorgée du vin gnomique si agréable au palais. Allons, la serveuse n'allait pas en mourir, et ils seraient tranquilles. Aube se soupçonna d'avoir manqué à l'étiquette, ce qui était pour lui une faute grave. Mais, en bon paladin, il pouvait accorder l'absolution. C'est ce qu'il se fit. Ne cherchez pas à comprendre. D'autant que la serveuse n'en ferait sûrement pas une maladie. Enfin peut-être. Sans doutes que non. Bref. Aube secoua doucement la tête et eut un rire chaleureux, ses yeux bleus luisant de curiosité derrière quelques mèches soigneusement ébourriffées -il pouvait passer des heures à négliger sa coiffure, s'il le fallait-.*

*Spyra sourit encore en avalant d'un coup un tier de bière. Elle avait toujours eu cette manie de boire tous les liquides à grand traits. Sans doute chose conservée du temps où elle était encore une tueuse alcoolique aguérie. Mais elle avait bien fini par passer au-dessus de tout ça, faire une croix sur son passé -même si elle s'était promise de pleurer les morts qu'elle a engendré, ce qui n'est toujours pas fait- et essayer de vivre normalement. Enfin, ce dernier point semblait certes encore un peu......irréalisable, disons les choses comme elles le sont...
La demi-femme passa la langue sur sa lèvre inférieure, un peu de mousse venant de sa boisson s'y étant déposée. Quel contact......étrange... Elle qui était encore habituée à avoir la peau couverte de cicatrices, elle n'avait pas fini de s'étonner d'avoir changé au point d'avoir une peau saine, bronzée comme celle de tous les désertiques, bien que quelques traces ne s'effaceront certainement jamais.
Elle jeta un regard discret à Aube. L'expression des yeux -cachés, certes, mais pas invisibles- du dragon d'or ne lui échappa aucunement. Ce qui la fit rosir imperceptiblement. Spyra s'était habituée à attirer les regards, soit, mais pas aussi euh... "persistants" ? Elle entreprit de balader son regard sur l'ensemble de la place.*

- Comment va notre chère dragonne chanteuse ?

*Aube feignit aussi d'observer la populace et les étals qui environnaient leur terrasse. Syül ne risquait guère de se montrer par un temps aussi ensoleillé, au milieu d'une foule aussi dense, le dragon d'or était donc parfaitement tranquille. Or et argent, soleil et lune...Jour et nuit...

Il y avait même un bol de cahouètes. Le dragon était sûr de ne pas avoir demandé de cahouètes. Bah. Il avança la main et piocha une des petites noix orientales.

Elle connaissait Zyl! Connaissait-elle Syül? Aube savait que son frère d'argent avait parfois pris la Matriarche comme compagne de voyage. Mais ni Zyl ni Syül ne lui avaient conté leurs voyages communs. D'ailleurs, il n'écouterait pas les mensonges d'un Vampire! fourbe qui avait pris la place de son frère bien-aimé. En repensant à l'odieuse possession, à la destruction de son meilleur ami, il se crispa, serre les poings et la machoire jusqu'à avoir de la bouillie de cacahuète plein les dents.*

Zyl va bien. Le clan s'agrandit, et elle tient le coup. Même si son tempérament bouillant et insouciant lui pose parfois des problèmes quand il faut garder les dragonnets de la dernière couvée...

*Il ne rit même pas.*

*Spyra s'autorisa un sourire en coin. C'était bien là Zyl Aeryel. Si protectrice et pourtant si sauvage... Mais le fait d'avoir une famille avait dû calmer un peu ses instincs de voyageuse insouciante.
La demi-femme réfléchit. Qui connaîssait-elle, chez les Aeryels ? Elle avait entendu parlé de Naryvia, l'Humaine, et d'Eldaë, l'Irisé. Il y avait bien-sûr Syül, le Vampire, mais elle savait que c'était un sujet très controversé dans le clan. Aussi préféra-t-elle dévier la conversation, sentant la crispation de son interlocuteur sans en connaître l'origine, bien que cela n'était pas nécessaire. Autant ne prendre aucun risque plutôt que de se retrouver face à un dragon sur les nerfs.*

- Saviez-vous que l'ork en poudre est la denrée la moins chère du continent ? Il est très utilisé par les voyageurs, les autres préférant le pain. Je savais que l'ork pouvait se manger, mais... le goût doit laisser à désirer...

De l'orc? *Les orthographes variaient selon les peuples, tout comme pour les gobelins, qui pouvaient aussi être appellés goblins ou tapis d'entrée pour hutte barbare...* Oh! De l'orc en poudre? Je prefererais encore voyager en compagnie d'une classe à problèmes naine...
Non pas que je n'aime pas les nains, hein! Mais...de l'orc? Aurore me protège!...
*Il afficha une moue à la fois amusée, interloquée et dégoûtée.*
J'ai déjà mangé du gnoll, une fois...Enfin, vous savez...Non, vous ne savez pas, mais les dragons font en général très attention à leur alimentation. On peut manger n'importe quoi et tout digèrer, mais l'éthique, tout ça...On a notre fierté!
*Il eut un sourire angélique.*
Jamais mangé d'orc...Même pendant les pénuries...Toujours quelques sangliers à se mettre sous la dent...

*Spyra fut presque attendri par le sourire d'Aube. Elle comprenait pourquoi tant de femmes s'intéressaient à lui. Elles sentaient qui valaient bien plus que tous les gentilhommes du continent sans même lui avoir parlé. Hélàs la demi-femme avait perdu ce genre d'instinc depuis longtemps. Et elle ne s'en plaignait pas le moinsdu monde.
Elle dit d'un air pensive : *

- J'étais végétarienne, avant. Je crois que la seule viande que j'ai jamais mangée était du boeuf. Cru. Et saignant. Je ne sais pas si c'était parce-que j'étais euh... surmenée ou sur un simple coup de tête... Chez les Hommes "civilisés", vous savez que manger de la viande non préparée n'est pas très bien vu non plus :nawak: