Je me souviens encor de l'odeur iodée,
Qui a chaque souffle emplissait mes poumons ;
De cette robe que j'avais tant cru porter,
Qui ne faisait qu'accroître un peu plus l'illusion.
Mes pieds nus caressaient le doux velours châtain.
L'alizé me murmurait des mots angéliques,
M'apportant un goût fort salé, presque divin
Aux creux de mes lèvres sèches comme la brique.
Des mouettes se détachaient sur un fond bleuté,
Riant de ma naïve extase pour les flots.
Mais qu'importe, elles pouvaient toujours ricaner,
Ma douce léthargie n'allait que crescendo.
Les remous, comme une berceuse, une litanie,
Enivraient mon esprit d'un immense bonheur.
La mer et moi ne faisions qu'un être infini.
Liberté, seul mot guidant doucement nos cœurs.
De ces éffluves de sensations éphémères
Je ne garde seulement des brides d'images ;
Tel un puzzle, dont les pièces s'éparpillèrent ;
Le temps les emporta dans son très long sillage.
Le réveil fut une ignoble désillusion :
Un dur retour à la réalité amère.
"Enfin voir le magnifique et puissant lagon" :
Rêve de celle qui n'a jamais vu la mer.
Voilà. C'est un vieux poème.