"Marcher, ... souffrir, mais rire" - "Merci,

Un de ses soirs où la solitude est trop lourde. Ou personne ne vient vous chercher dans les méandres du tunnel de votre vie. En tous cas, pas la ou les personnes qu’on voudrait. Et l’on soupire. Demain, une nouvelle journée au lycée commence, encore une fois. Je repasserai pour encore plus intello que ce que je l’étais avant avec un pincement au cœur et personne à qui parler. Parce que, même si je parle, je ne suis pas très sincère. Je suis rarement sincère. Que ce soit avec les autres ou moi-même. Comme ces moments où l’on essaie de se persuader qu’on a pas mal, qu’on n’est pas blessé. Alors on rit, on poursuit notre petite existence insignifiante en essayant de faire bien illusion. Notre humour devient désespéré, nos colères plus nombreuses et de mois en moins compréhensibles mais personne ne s’inquiète de ça. Evidemment. La crise d’adolescence. Ou une de ses choses qui survient à notre page et qui peut expliquer notre comportement. Mais, même si ça ne va pas, c’est en aucun cas de la faute d’événements extérieurs. Nous sommes les seuls fautifs à ça. Ou en tous cas, notre caractère l’est. Notre âge surtout.
Alors on laisse couler. Comme d’hab. On se confie à quelques personnes qui font mine de comprendre ou qui nous conseillent d’aller voir un psy, dans le pire des cas. Puis on raccroche, on part ou ferme la fenêtre MSN avec l’étrange impression d’être soulagée mais à la fois, d’être encore plus mal. Et encore un fois, personne ne voit rien. Quand quelqu’un ouvre la porte de la chambre, on se retourne vers cette personne et on sourit en faisant un geste de la main pour faire coucou avec un air débile qui fera croire que tout va bien. Oui. Je me trouve plutôt douée. J’écoute des chansons qui font désespérer mais je suis douée.
Oh, oui, mes chansons font déprimer. Elles parlent toutes de solitude, de trahison, de douleur, de honte … Ou des chansons d’amour. Enfin, des chansons d’amour, ça parle souvent de trahison et de solitude mais bon … Mais je préfère celles qui sont heureuses. Entendre des folles batifoler, ça fait vachement déprimer. Une façon de compenser. Une façon de bien désespérer pour pouvoir le lendemain bien faire illusion. Une fois de plus.
Demain, je passerai le portail avec le trac de ce putain de lycée, je rentrerai dans ce putain de cours d’espagnol que je passerai à penser, à faire semblant d’écouter. Ou à écrire. Ça dépend. Si ma connasse de voisine regarde ce que je fais ou pas. Non, je n’écrirai pas. Ou alors en anglais. Aucun risque qu’elle comprenne c’te conne. C’est un miracle qu’elle ne dise pas ‘I’ve got fifteen years old.’ alors soyons indulgents. Je passerai mon cours à faire semblant de m’intéresser à ce que dit c’te pseudo-psy de prof d’espagnol. Je me rattraperai à gratter en cours d’histoire. Ouais. L’art et la manière d’occuper son temps et son esprit : gratter. Deux heures de grattage, ce sera nickel. Puis je sortirais en début d’après-midi pour aller errer dans une ville qui me sort par les yeux, à marcher dans des chaussures qui me font atrocement souffrir. Oui, je suis un peu pessimiste. Je sais. Mais à force, le courage, ça s’envole.
Surtout quand on passe son temps à voir des gens qui vont et viennent dans votre esprit et dans votre cœur. Dans votre vie, dans vos rêves. Encore une fois, j’ai fait fuir des gens. D’autres sont revenus pour repartir de suite sans rien dire de plus. N’ont-ils aucun sentiment ? N‘ai-je aucune pitié pour leur parle de cette façon ? Peut-être pas. Ouais. Je suis surement sadique, au fond. Ça me fait plaisir de nous voir souffrir ensemble.
Bon, je vais me coucher. Demain, j’aurais tout le temps de penser en traversant c’te ville de merde. Chaleur écrasante mais cœur gelé … Proche d’éclater.

Je sais, personne n’a lu – ou du moins y a répondu - mon précédent coup de gueule mais je ne fais pas ça pour la gloire de l’écrivain (Ah ah ah, M-D-R), plutôt pour une question de nécessité.
D’abord, je vais vous raconter quelque chose de drôle … Enfin, tout est relatif dans la vie. C’est … plus drôle que le reste. Ma chère prof de français nous a demandé de nous présenter devant toute la classe et de trouver les adjectifs qui nous qualifiaient le mieux. J’ai choisie associable et impulsive. Elle m’a de suite rétorqué que c’était bien que je sois au courant de mes défauts mais que j’avais forcément des qualités … Je cherche encore.
Donc voilà, cette phrase m’a torturé toute la journée. Tout le monde a des qualités. Moi, ces temps-ci, je n’en ai aucune. Tout simplement aucune. D’abord parce … je fais que des conneries.
Premièrement, j’essaie de renouer des liens avec mon ex-meilleur ami qui se fout de moi totalement, je renvoie bouler la plupart des gens qui essaient de me soutenir et je cache à tout le monde le mal-être qui m’envahit de plus en plus. C’est-à-dire, que même si j’appelle Anas en me disant « il faut que tu lui parles de ce qui va pas, c’est ton ami », ça finira par des rires … Je sais pas, c’est peut-être parce que quand je suis seule, je pense trop … mais quoi qu’il en soit, quand je suis seule, j’ai envie de me tuer. De me taper la tête contre un mur. Je suis conne.
Qu’est-ce qui va pas ? Je suis une casanière. Je rentre dans un lycée trop différent avec des gens que je ne peux pas me voir qui me sort par les yeux. Je m’embrouille l’esprit pour des affaires qui ne me regardent même pas, je me sens seule alors que c’est peut-être pas vrai, j’envoie se faire foutre tous les gens qui veulent être là pour moi. Et après je m’étonne d’être seule ?
Mais la raison de tout ça est clair. Je les mets à l’épreuve. Je ne sais pas pourquoi. C’est … physique. On m’a dit un jour que je me braquais. Quoi de plus vrai ? Dès qu’on commence à gratter sous mes airs fiers, délirants et sûrs, on trouve … quelque chose que la proprio ne veut pas faire voir. Peut-être par fierté. Non, finalement, ma fierté … j’en ai plus. Et c’est peut-être ça qui pose un problème. Je ne sais plus faire la différence entre ce qui doit être dit ou non. Quelque chose me traverse l’esprit je le dis. Je dis tout ou je ne dis rien. Il n’y a pas de demi-mesure, pas de nuance. Et c’est ça qui fait que … je suis impulsive ces temps-ci – plus que d’hab quoi -. Quand je m’excuse, c’est toujours avec le cœur, quand je réconforte les gens, c’est avec des mots, des vrais, quand je les détruits, c’est avec rage. Quand quelqu’un va mal, je sais faire la part des choses, essayer d’avoir l’air heureuse ou en tous cas, de ne pas lui montrer que j’ai quelque chose qui ne va pas moi non plus. Je suis pour eux. Pendant l’espace d’une heure, d’une demi-heure, d’une minute peut-être … Je ne serai plus le moi d’aujourd’hui mais le moi général. Pas celle qui viendra d’essuyer une journée qui lui a foutu les nerfs en pelote ou qui ne rêve que de se jeter du haut d’un pont, non. Je suis celle qui a vécu toutes ses déboires, qui les a essuyées depuis longtemps et qui a été capable d’en tirer profit. C’est ça, oui. J’ai su en tirer profit, allons-nous dire. Je peux faire à ce moment-là des comptes-rendus de mon existence sans défoncer mon clavier avec rage. Je suis calme, posée. Triste surement mais avec un sourire au coin des lèvres, nostalique.
Mais comprenez alors que quand les autres vont bien, je relâche tout ça. Je n’ai plus de motivation pour essayer de rester irréprochable. Je suis moi avec ma mauvaise humeur et ma solitude intérieure douloureuse. Je suis MOI. C’est tout. J’insulte, je suis sarcastique, mauvaise, blessante, impulsive, colérique, susceptible, rancunière … Mais personne ne l’accepte ce moi-là. Pourquoi ? Je sais que je suis pas facile à vivre. J’ai déjà du mal à me vivre moi-même. Mais comprenez que voilà, je ne suis pas plus forte. J’ai beau essayer de le faire croire, ce n’est pas vrai. Je sais faire illusion au lycée, à table. Mais pas devant mon ordi. Je suis seule. J’écoute toutes ces chansons qui me font déprimer. Voilà. C’est tout. Alors je veux bien être la nana la plus chiante de tous les temps mais … si vous m’avez aimée ne serait-ce qu’un instant … était-ce parce que vous ne me connaissiez pas assez ou parce que je portais encore un de ces masques que vous vous refusiez de briser ? Parce que, même si cette vision est particulièrement pessimiste, je ne peux pas comprendre qu’on puisse m’aimer en me connaissant. La preuve.