Solitude, confidences et vengeance [fiction and true ...]

C’est l’histoire d’une chambre noire dont on lessive le sol avec des larmes. Mes larmes. Théâtre de ma vie funeste passée dans les méandres d’un monde dont les murs sont battis par l’indifférence et le mépris.
Un courant d’air glacé envahit la pièce et je grelotte de froid, assise contre mon mur. Evidemment, je pleure. Evidemment, j’ai mal. Mon cœur a mal et il me blesse en battant. Je finirais par croire que l’arrêter serait la meilleure solution. Mais je ne suis pas comme ça. Je ne me laisserai pas envahir par quelconques envies suicidaires …
Mes yeux sont cependant emplis de larmes amères et presque froides. Devant moi, je vois le sinistre spectacle de mes derniers jours. Solitude et pleurs. Pleurs et solitude. Puis un immense silence. Ma vie peuplée de chants révolutionnaires et joyeux, de cris de folles poussés dans la rue ou au téléphone … est devenue un champ de bataille où le silence est devenu roi. Les gens m’ignorent et j’ignore ces gens qui finissent pas m’accuser d’être hypocrite ou trop triste ces temps-ci. A vrai-dire, je les emmerde un peu mais c’est pas grave …

Soudain, les volets tremblent. Je relève la tête pleine d’espoir. Un bruit assourdissant envahit la pièce obscure. Le tonnerre. Mes lèvres se déforment pour donner naissance à un sourire rempli d’allégresse et de béatitude. L’orage est venu me consoler. Enfin quelqu’un. La seule personne que je souhaite voir et entendre. Je me lève et avance … m’aidant de ces jambes qui tremble et me font vaciller à chaque pas. J’arrive à la fenêtre et ouvre les volets dans un geste brusque et rapide. Comme si j’avais enfin la clé de la porte de prison close devant moi depuis des années. Et un éclair déchire le ciel. Enfin. Je pose mes coudes sur le rebord et me soutiens la tête en regardant ce magnifique spectacle. Je reste ainsi pendant une heure. Personne ne viendra me voir. Il est 22 heures et il est normal qu’en week-end, je ne sois pas couchée. Puis mon téléphone sonne. Je jette vers l’appareil un regard plein de haine. Qui ose me déranger ? La sonnerie me ramène à la réalité. Les gens, je les hais. Le numéro de ma meilleure amie s’affiche sur l’écran et je décide de décrocher en offrant à mon interlocutrice un salut plutôt joyeux. Evidemment, elle ne se doute de rien. Personne ne se doute de rien. Moi qui suis si heureuse d’habitude, m’est-il possible d’être triste ? Je ne suis devenue qu’une ombre. J’ai fini par m’effacer mais les gens paraissent soulagés. C’est vrai … Moi qui suis si fatigante à hurler, à sauter de partout … Pourquoi devrait-on se plaindre quand enfin je me tais et reste calme ? Mais elle me connait. Elle sait quand ça ne va pas. Elle le sent dans ma voix. Et je sais que de toute façon, je n’attendrai pas qu’elle me le demande pour que je lui explique les raisons de ma mauvaise humeur et de ma déprime. Je me mets à hurler. Il est 22 heures mais rien à foutre. Le tonnerre couvre ma voix comme un ami qui me fait passer en fraude. Elle est en partie d’accord avec moi, me plaint. J’avais besoin de réconfort. Je raccroche, une heure plus tard. Et je m’étale sur mon lit. J’ai aucune envie d’aller leur parler sur l’ordinateur. La dernière fois que je l’ai fais sérieusement, j’ai fini en pleurant sur une chanson d’Evanescence. Alors non merci …
Je finis par m’endormir. Le sommeil est un refuge et le lendemain est une vengeance … Je me le promets …