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Ecrire, c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. [Maguerite Duras]
 
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 épisode sept j'crois...tout frais

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Mikrobuch
J'écris ... Pénard(e) ...
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Mikrobuch


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MessageSujet: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeVen 29 Juin - 1:00

Une petite fille vive et épanouïe. Plutôt intelligente, mais qui se pose un peu trop de questions. Le genre d'enfant qui court dans tous les sens, qui touche à tout et qui interroge constamment les adultes. Un tout petit peu caractérielle peut être. Une enfant que les psys auraient qualifié d'hyperactive ou de précoce. Le genre d'enfant qui intéresse et qui amuse les parents des autres, qui les impressionne un peu aussi, mais une enfant qui n'amuse pas du tout ses parents qui doivent la supporter, eux, et signer les remarques sur le comportement un peu perturbateur de leur progéniture. Une enfant agitée mais riche de l'intérieur, qui avait beaucoup de choses à apprendre, et beaucoup à apporter aussi. Une enfant très sensible, un peu trop sensible...
Il fallait bien quelqu'un pour la prendre en main cette gamine, et par (mal?)chance, il s'est trouvé qu'Il était prêt à se charger de son éducation. Elle n'avait pas quatre ans, quand il a décidé qu'il allait lui enseigner la vie. En effet, étant donné son caractère, cette môme allait causer bien des ennuis autour d'elle, elle ne serait pas très appréciée, et puis, comme elle était déficiente mentale, un peu malade, avait-il décrété, il fallait qu'elle apprenne à se défendre. Alors il a commencé. Et c'était coups le matin, coups le soir, coups, insultes, coups, insultes. Et la petite était bien contente d'avoir un père qui l'aime autant, et qui avait même risqué la prison pour lui sauver la vie ! Plusieurs fois même.
L'un des souvenirs qui lui revient, la varicelle. Elle a six ans et vient juste de l'attraper. Il ne faut pas qu'elle se gratte, mais elle est incorrigible et les médecins ne feront rien, ces imbéciles de médecins comme Il dit. Alors Il attache ses tout petits poignets aux barreaux du lit pour l'en empêcher. Comme ils serrent ces liens qui brûlent, qui déchirent sa peau blanche. Mais elle ne pleure pas, elle doit rester courageuse. « Les larmes, c'est pour les faibles », Il le lui répète souvent. Et elle reste immobile, un, deux, trois, quatre jours. Et ces boutons qui la démangent, et elle commence à avoir faim. Quand Il la libère, Il lui explique. Les autres enfants se grattent parce que leurs parents ne s'occuppent pas d'eux, et ils finissent avec des cicatrices partout, alors que Lui, il a pris le risque d'être arrêté pour l'avoir attachée, pour son bien pourtant. Il est merveilleux.
Elle grandit, sans sourire et sans larmes, c'est interdit. Elle s'endurcit. Coeur de pierre. Et Il l'accuse d'être insensible, nouveau prétexte. Sa mère souffre de sa présence. Elle gâche la vie de tout le monde, et elle ne s'en rend même pas compte. Elle devrait remercier chaque jour ses parents de ne pas l'avoir mise à la porte. Tiens, mise à la porte, encore des souvenirs.
Elle a dix ans. Sa mère est dépressive. Elle a un peu trop bu, ce soir là encore, lorsqu'elle pousse la porte. La petite est dans son lit, sous la couette, elle écoute des chansons dans sa tête. Celles qui lui disent qu'elle n'est pas seule. Celles où des artistes mettent des mots pour dire ce qu'elle garde au fond d'elle. Encore un moyen de dire qu'elle, elle ne souffre pas. Elle rejette, elle extériorise. Elle entend des cris. Elle n'ose pas se relever. Elle entend, malgré ses petites mains sur ses oreilles, pour ne surtout pas écouter.
- Si elle reste, je saute.
Juste ces quelques mots, ces cinq mots, qui vont rester graver à jamais. Sa mère la hait. Et elle pourrit la vie de celle qui l'a mise au monde. Elle est monstrueusement cruelle. Alors, sans faire de bruit, elle se lève. Elle enfile un grand pull, un pantalon dix fois trop large pour elle, ses chaussures, son cartable sur le dos, et elle marche tout doucement jusqu'à la chambre de ses parents. Elle n'entre pas. Elle La voit sur le balcon. Elle s'approche, et tout se bouscule dans sa tête. Tout se précipite. Elle lui dit comme elle est désolée, comme elle l'aime pourtant, et elle veut lui prendre la main :
- Maman, saute pas, j'ai besoin de toi...
Elle murmure ces paroles qu'elle aurait mieux fait de garder. Et elle répond en criant, encore des paroles égoïstes, « j'ai besoin de toi » comme si elle ne pensait qu'à ses besoins, et pas à la douleur des autres. Quel monstre... De toutes petites larmes qu'elle voudrait faire disparaître, roulent sur ses joues, et puis, une pluie de coups. Elle s'en va. Elle pousse la porte et sort. C'est ce qu'elle a de mieux à faire.
Elle ne retrouvera sa maison qu'une semaine et demie plus tard, lorsque, arrêtée par deux policiers qui l'ont trouvée sur un banc du square. En venant la chercher son père lui jettera un regard menaçant qui veut tout dire avant de déclarer qu'il l'avait perdue.
- Enfin ! Depuis des jours qu'on te cherche, si tu savais la peur que tu nous as fait !
D'autres fois , elle a goùté l'alcool sur les marches du collège la nuit. Des « grands de troisième » lui ont dit qu'elle se sentirait mieux. Ils l'ont fait boire jusqu'à ce qu'elle soit complètement saoule. C'est vrai qu'elle ne ressentait plus la douleur, mais... Et les cigarettes, les « tu vas voir ça réchauffe le coeur », et ces trucs bizarres, les « on se sent tout léger, comme si on volait, goûte ».
Qu'est ce qu'elle avait mal, parfois, derrière son coeur de pierre. Ni sourire ni larmes, parce que la souffrance prenait trop de place. Et tous ces yeux fermés autour d'elle. Tous ces gens qui ne voient pas, qui ne veulent pas voir. Ils ne se sont jamais posé de questions, jamais interrogé, jamais demandé pourquoi elle restait assise par terre les yeux baissés, pourquoi elle ne jouait jamais avec les autres, pourquoi elle dormait en classe, pourquoi elle mangeait autant à la cantine, pourquoi elle était si souvent absente pour des raisons obscures... Elle a des bonnes notes, pour eux, le reste ne compte pas.
Mais à la maison, il faudrait qu'elle ait de bien meilleures notes. Elle a déjà sauté des classes, elle en a redoublé d'autres, elle a même fait un tour en seconde, avant d'atterrir à l'ASE où ils l'ont remise sur des rails plus normaux. Et Il veut lui donner un peu d'avance. Il veut lui apprendre les sciences, les maths, la littérature, la philosophie. Mais elle a dix ou onze ans, et elle a beau faire tous les efforts du monde, elle ne comprend pas ce qu'il lui explique. Dans sa tête, il y a juste un tourbillon de théorèmes de valeurs intermédiaires, d'angles orientés, de barycentres, de cercles trigonométriques, et Hugo, et Zola, et Camus, et Sartre, et les forces macroscopiques, et les interactions fondamentales, et Newton... et des coups. Des tas de coups, et des insultes, et le placard, et les poignets dans le dos, et les repas qui sautent, et la poupée de chiffons qui prend les coups à sa place, et le petit ange pour lequel elle garde une place dans son lit, « pour le cas où il voudrait bien venir me sauver, parce que j'y crois encore et que j'ai besoin d'aide, un peu, au fond, parce qu'il m'arrive d'avoir mal ».
Et puis des souvenirs bien plus terribles, ceux qui ne veulent pas remonter à la surface. Ceux qu'elle nie le plus et qui sont pourtant les plus douloureux. Ceux qui l'ont brisée pour de vrai. Ceux qui l'ont soumise à vie. Ceux qui lui ont fait comprendre qu'elle n'était rien, qu'elle ne valait rien, qu'elle n'était qu'un objet entre les mains d'un dieu, une maladie, une épidémie qu'il fallait éradiquer, une moins que rien, une incapable. Et même sa famille ne peut plus la voir. Ces souvenirs qui reviennent. Il faisait tout noir quand il entrait dans la chambre. Il ne fallait le répéter à personne. C'était normal, c'est parce qu'il l'aimait beaucoup, c'était pour son bien, et pour qu'elle s'endurcisse un peu. C'était comme ça dans toutes les familles, mais comme c'est un secret, personne ne le répète, et elle doit faire pareil. Surtout. Il avait mis un cadenas sur sa bouche. Le cadenas était virtuel. Mais sa main venait toujours s'écraser contre son visage pour l'empêcher de hurler. La première fois, elle avait voulu. Et puis, elle avait compris, elle s'était habituée. Et elle tremblait dans la nuit, sous sa couette, en priant le petit ange de venir, ou de s'arranger pour qu'il ne vienne pas ce soir là. Elle a même parfois souhaité sa mort. Elle est ignoble. Un monstre de cruauté, d'ingratitude, d'égoïsme.
Elle était vive, Il l'a paralysée. Il a clos la porte de son coeur de pierre pour que personne ne puisse venir partager son monde et ses souffrances. Il l'a anéantie, brisée. Cassée comme un animal. Si elle devait mettre des images sur tout ce qui lui revient parfois, du point de vue de la petite fille qu'elle était et qui endurait, et qui s'interdisait de crier la douleur qui criait, elle, au fond de son coeur, ce serait peut être celle des condamnés à mort qui marchent vers leur fin, sur une planche en bois, ou plutôt, dans l'antiquité, chez les romains, le condamné qu'on enfermait dans l'arène en attendant que les lions l'aient avalé. Les portes se sont refermées dans sa vie. Elle ne peut pas revenir en arrière, elle est coincée face à lui, et elle veut lutter pour tenir jusqu'au bout, pourtant elle connaît déjà la fin, il est plus fort qu'elle. Ce pourrait être aussi celle de l'animal que l'on veut forcer à faire des numéros qu'il n'est pas prévu pour effectuer. Elle revoit le lion, le tigre que l'on veut faire passer à travers un cerceau enflammé et qui refuse. Et on le frappe, pour lui montrer qui commande, et il obéit. Il était puissant, roi de la savane et il devient soumis, l'animal dont on essaie d'aiguiser la haine et le désir de vengeance pour pouvoir mieux le frapper ensuite. Et en même temps celui qu'on veut soumettre. Elle était pleine de vie, active, réceptive, pleine de joie, et la voilà moins que rien. S'il lui fallait indiquer sur une échelle son estime d'elle même, il faudrait creuser un trou dans la terre pour descendre assez bas. Il l'a brisée, il lui a ôté tout rêve et tout espoir, il lui a tout arraché pour la soumettre, pour la transformer en ange, en une perfection en laquelle il ne croyait même pas. Pourquoi elle et pas ses soeurs? Pourquoi « l'enfant cible » comme ils disent? Quelle atrocité a-t-elle donc commise pour en arriver là? Elle ne lui demandera jamais, parce qu'elle a peur. Cette peur la ronge de l'intérieur en permanance. Et pourtant, pourtant elle l'aime. Elle ne vit que pour lui. Elle ne lui en veut pas et ne lui en voudra jamais. Il l'a aidée à se faire pardonner cette faute obscure mais terrible. Elle L'adore. Elle Le vénère. Son Dieu, son Modèle, son Guide, son Maître. Elle est perdue sans Lui.
Et puis son Ange est enfin tombé du ciel, et elle ne sait plus. Elle doit choisir. Si elle L'aime, Lui, alors elle ne peut aimer personne d'autre parce que personne ne peut comprendre pourquoi elle L'aime, et tout ce qu'Il a fait pour elle. Alors? Et c'est un match de ping pong dans sa tête. Est-ce qu'elle doit cesser de l'aimer parce qu'Il l'a rendue meilleure mais que personne ne peut comprendre? Est ce qu'elle doit écouter la petite fille qui souffre, qui a souffert, et qui crie encore en silence pour appeler au secours, qui a jeté tant de bouteilles à la mer, jamais trouvées, ou celle qui lui dit qu'elle a un père merveilleux, qui l'a sauvée, qui l'aime, qui la supporte, la vérité qui fait moins mal, mais qui lui laisse un goût amer de « je me mens », une sensation de « ce n'est pas moi qui parle, pas moi qui tranche, quelqu'un est en train de décider à ma place », une impression de « Il m'a brisée, Il m'a terrorrisée, et je suis encore sous son emprise aujourd'hui ».
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeVen 29 Juin - 1:15

:choc:
J'ai lu.
Arienàdire
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeVen 29 Juin - 1:16

y avait des trucs pas cohérents? Suspect j'ai pas relu, mais j'pensais pas qu'y en avait tellement que ça f'sait cet effet là...
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeVen 29 Juin - 1:17

Non, ya rien d'incohérent. c'est parfait, c'est wow :choc:
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeVen 29 Juin - 1:22

:Alléé: meurshi I love you (il est pas beau c'coeur, j'me suis toujours dit ça d'puis l'début, mais j'le mets quand même)
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeDim 1 Juil - 0:03

Chuis en kiffation grave :quoi:
T'n'écris trop bien :shy:
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Mathy
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeMer 11 Juil - 17:07

... triste
... Sad
... Crying or Very sad
... Bahahahaaaaaaaaaaaa
C'est tellement bien n'écriiiiiiiiiiiiiiiiiit :Alléé:
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Yllora
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Yllora


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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeMer 11 Juil - 22:00

Awaaaaaaaaaaaaah T_T
tu m'tires une tite larme à chaque fois :')
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitimeDim 15 Juil - 15:18

meurshi les gens Embarassed
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MessageSujet: Re: épisode sept j'crois...tout frais   épisode sept j'crois...tout frais Icon_minitime

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